Quand on est atteint de burn-out, on doit s’arrêter de travailler… si on peut. Si les salariés disposent d’une protection sociale, les indépendants, autoentrepreneurs, libéraux, artisans et autres ont beaucoup moins de marge d’action. Beaucoup doivent continuer d’œuvrer tandis qu’ils n’en peuvent plus, physiquement et mentalement. Que faire alors pour réduire les effets de l’épuisement professionnel ? Voici quelques parades à mettre en place au plus vite et sur le long terme.
Symptômes et suivi
Avant même de faire quoi que ce soit, il faut être capable d’identifier qu’il y a un problème, donc repérer les symptômes de burn-out : manque de sommeil, épuisement chronique, perte de mémoire et fatigue cognitive, problèmes digestifs, palpitations, douleurs musculaires, irritabilité accrue, perte d’empathie, hypersensibilité, rumination mentale, manque très net d’intérêt ou surproduction, absence de vie sociale, il y a tout un éventail de signes qui doivent vous alarmer.
- Si c’est le cas, il ne faut pas attendre et aller consulter son médecin traitant au plus vite. Il vous connaît, sait votre situation professionnelle et vous aidera à soutenir le corps, à contrer l’épuisement, à repérer les problèmes de santé liés à cet épuisement.
- Il faut par ailleurs entamer un travail avec un psychologue, si possible spécialisé dans la souffrance mentale au travail, afin qu’il vous aide à comprendre la situation, le processus qui a engendré ce burn-out, les mécanismes mentaux qui y ont contribué.
- Le mieux serait de privilégier une thérapie asynchrone, à distance donc. Cette formule permet de consulter au quotidien via une application, de renseigner ses symptômes, ses pensées, ses émotions à toute heure, dès qu’on sent que ça va mal ; le psychologue répondra par vidéo au jour le jour. Ce type de suivi, très flexible, s’adapte parfaitement aux contraintes d’emploi du temps des indépendants.
Des outils pour gérer le burn-out
Le travail accompli avec le psychologue va permettre de repérer les signes avant-coureurs de potentielles crises d’angoisse, de comprendre la mécanique de l’épuisement et de mettre en place des parades.
- On va progressivement développer sa propre cartographie du stress pour en sentir les montées et anticiper les situations à risques, les moments de tension. C’est une grille de lecture précieuse qui permet de mieux se connaître et de cibler les comportements à faire évoluer.
- On peut également tenir un journal de bord de son travail psychique et de son évolution : il existe le journal de cinq minutes, mais on peut également s’aider d’une application type Jardin mental afin de faire le point au quotidien de ce qu’on a vécu en 24h, ses ressentis, ses avancées, ses blocages…
- Outre cette observation, on a tout intérêt à réorganiser son temps à partir d’outils et de méthodes comme Pomodoro, SMART, ABCDE, Kanban…
- Préserver ses temps de sommeil, quitte à pratiquer régulièrement la sieste, soigner sa nourriture, faire de l’exercice pour évacuer le stress, on peut adopter des outils tels la cohérence cardiaque, la méditation, le meilleur ami…
- Il importe par ailleurs de réinvestir sur l’intime, le personnel : prévoir des moments à soi, avec sa famille, ses proches ; pratique d’un loisir, d’une passion, lecture, poterie… Il est essentiel dans ces instants de laisser le travail en dehors, couper le portable, les réseaux sociaux pour s’offrir un vrai moment de break, de déconnexion.
Sortir de la culpabilité
Le plus important demeure de sortir de la culpabilité ; c’est peut-être le plus difficile, le plus complexe. La société moderne adule l’image du self-made man, de l’entrepreneur capable d’affronter tous les écueils de la création d’activité sans faiblir. C’est oublier tous les problèmes vécus en coulisses, les doutes, les ratages, les échecs subis pour parvenir à une activité régulière et rentable. La vie d’un indépendant n’est pas un long fleuve tranquille : obligation de rendement, peur de perdre de l’argent, de ne plus être compétitif ni créatif, de voir ses clients partir à la concurrence, absence de protection sociale, les points de pression ne manquent guère.
Première chose à assimiler, vous n’êtes pas seul. Personne n’est à l’abri, parmi les entrepreneurs affirmés, nés dans une famille de chefs d’entreprise et donc éduqués comme tels, ou chez les salariés qui décident de tenter l’aventure de la création d’activité. Quelques chiffres pour s’en convaincre :
- Selon le site Espace Auto-entrepreneur, on comptait 1,928 million de microentrepreneurs à la fin 2020, 2,5 millions à la fin du second trimestre 2022, 272 000 de plus entre juin 2021 et juin 2022 ; dans le même temps, les radiations ont explosé avec 420 000 fermetures en un an.
- En 2020, selon le site Portageo, les travailleurs indépendants ont vu le nombre de dépressions augmenter de 55,66%, le nombre de burnouts exploser de 45,38%. Un problème qui n’est pas nouveau : déjà en 2014, une étude menée par le cabinet Technologia spécialisé dans les questions de souffrance au travail mettait en évidence que, sur les 12,6 % de la population française menacée de burn-out, 20 % faisait partie des indépendants et chefs d’entreprise.
- Encore plus parlant, chez nos voisins belges, une étude menée en 2022 par l’Institut national d’assurance maladie-invalidité révèle que, chez les indépendants, l’invalidité de longue durée due à l’épuisement professionnel et à la dépression a crû de 50,93%. Pourtant selon le Baromètre de la sérénité financière publié par l’assureur-vie NN, 68 % des indépendants interrogés se disent moins sujets au burn-out que les salariés. Effet de déni ? Minimiser les effets du stress vécu, des obligations ressenties ? Là aussi, il y a un travail psychique à faire, pour ne pas endosser une culpabilité de mauvais aloi, qui alourdit le processus d’épuisement. Tout le monde peut être touché, tout le monde peut faire un burn-out.
Il ne faut pas hésiter à se faire aider, médicalement, psychiquement… et socialement : en cas d’épuisement professionnel prononcé, on peut consulter une assistante sociale, les services de la CCI régionale. Il existe de nombreuses aides, des dispositifs de soutien. Le plus important est de préserver sa santé physique et mentale, car quand on est épuisé, on ne peut plus rien faire. Si cet article vous a questionné, si vous vous reconnaissez dans ces lignes, n’hésitez pas à me contacter pour en parler. Vous pouvez aussi directement me rejoindre sur Psynergy pour débuter une thérapie ensemble.