On en entend de plus en plus parler sur les réseaux sociaux, dans les médias. Les relations toxiques sont devenues un sujet d’actualité. À raison, car elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur le bien-être mental, émotionnel et physique des individus impliqués. À tort, car on en dit souvent tout et n’importe quoi, laissant par ailleurs qu’il suffit de beaucoup de volonté pour s’en débarrasser. C’est occulter le caractère extrêmement complexe et pervers de ce type de relation. Pour s’en rendre compte, je vous propose de décrypter la chose au travers de questions clés, afin d’avoir la vision la plus nette possible.
Qu’est-ce qu’une relation toxique ?
Eh oui, comme toujours, une définition s’impose. Tâchons de faire simple, concis et clair.
- Une relation toxique est une relation où l’une des personnes (ou les deux) exerce un comportement nuisible qui affecte négativement l’autre.
- Cela peut se manifester par de la manipulation, du contrôle, de la domination, du dénigrement, des abus émotionnels, psychologiques, voire physiques.
- Dans une relation toxique, la dynamique est souvent déséquilibrée, avec un individu prenant un pouvoir excessif sur l’autre.
Dans quel cadre peut-elle survenir ?
Point essentiel ! On a trop souvent tendance à penser que les relations toxiques se cantonnent à l’univers du couple. Or, elles peuvent très bien s’épanouir dans d’autres contextes.
- Les relations amoureuses sont généralement le cadre le plus associé aux relations toxiques, où une personne peut contrôler, manipuler ou abuser de son partenaire.
- Les relations toxiques peuvent également exister au sein de la famille, par exemple entre parents et enfants, entre frères et sœurs, ou avec d’autres membres de la famille.
- Des amitiés peuvent devenir toxiques si une personne domine ou manipule l’autre, causant du stress et de l’anxiété.
- Les relations professionnelles peuvent aussi devenir toxiques, surtout lorsqu’il y a du harcèlement, de la manipulation ou un environnement de travail abusif.
Comment se met-elle en place ?
Règle absolue à retenir : les relations toxiques ne se mettent pas en place sur un claquement de doigt. Elles se développent progressivement au fil d’étapes spécifiques.
- Phase de séduction ou de « honeymoon » : initialement, la personne toxique se montre charmante, attentionnée, afin d’établir une connexion intense. La victime va alors baisser sa garde durant cette phase de « love bombing ».
- Début du contrôle subtil : une fois la confiance établie, la personne toxique commence à introduire des comportements de contrôle subtils, isolement de la victime qu’on coupe graduellement de ses amis et de sa famille, critiques déguisées, exigences croissantes.
- Escalade des comportements abusifs : Le contrôle devient de plus en plus évident, avec des comportements plus directs d’abus émotionnel, violence psychologique, voire physique. La victime est piégée, avec une estime de soi affaiblie et un sentiment d’impuissance.
- Cycle de violence et de réconciliation : Dans de nombreux cas, il y a un cycle où, après un épisode abusif, la personne toxique « se repent » temporairement, ce qui renforce l’emprise sur la victime qui espère un changement.
Y a-t-il un profil type de personne toxique ?
Il n’y a pas de profil unique, mais certaines caractéristiques sont courantes chez les personnes toxiques :
- Narcissisme : la personne toxique a une forte tendance à se concentrer sur elle-même, à manipuler les autres pour obtenir ce qu’elle veut, à faire preuve d’un manque prononcé d’empathie.
- Comportements manipulateurs : Elle use fréquemment de la manipulation émotionnelle, du gaslighting (faire douter la victime de sa perception de la réalité) et de la culpabilisation.
- Besoin de contrôle : Elle tente de dominer ou de contrôler autrui, souvent par la coercition ou l’intimidation.
- Incapacité à assumer ses responsabilités : Elle a tendance à blâmer les autres pour leurs propres problèmes ou comportements négatifs.
Y a-t-il un profil type de victime ?
Ici aussi pas de profil unique, mais des caractéristiques récurrentes :
- Faible estime de soi : Les personnes ayant une faible confiance en elles sont plus susceptibles de tolérer des comportements abusifs.
- Dépendance émotionnelle : Celles et ceux qui recherchent l’approbation des autres ou qui ont besoin d’une validation extérieure peuvent être plus facilement manipulés.
- Expérience passée d’abus : Les victimes d’abus dans leur enfance ou dans des relations précédentes peuvent être plus enclines à tolérer un comportement toxique.
- Difficulté à fixer des limites : celles et ceux qui ont du mal à dire « non » ou à fixer des limites claires peuvent se retrouver plus aisément piégées dans une relation toxique.
Quel effet sur la victime ?
On s’en doute, ils sont graves et multiples :
- La victime vit dans un état de stress chronique, se demandant comment plaire à son agresseur ou éviter de le provoquer.
- Les critiques constantes et le dénigrement sapent la confiance en soi de la victime, qui perd progressivement son indépendance, son autonomie.
- La victimisation continue peut conduire à une dépression, où la victime se sent impuissante, sans valeur, incapable de sortir de la situation.
- La victime est totalement coupée de son réseau de soutien, ce qui la rend encore plus vulnérable.
- Le stress émotionnel peut se traduire par des symptômes physiques, comme des maux de tête, des troubles du sommeil, et d’autres problèmes de santé.
En quoi est-elle en danger ?
Les dangers sont, on s’en doute également, nombreux :
- Abus psychologique : Le contrôle mental et émotionnel peut causer des dommages durables à la psyché de la victime.
- Violence physique : Dans certains cas, les relations toxiques peuvent escalader jusqu’à la violence physique, mettant la vie de la victime en danger.
- Risque suicidaire : Dans les cas extrêmes, la victime peut développer des pensées suicidaires en raison du désespoir et du sentiment de ne plus voir de sortie.
Comment sortir d’une relation toxique ?
Sortir d’une relation toxique implique de :
- Reconnaître la toxicité et la manière dont elle est nuisible.
- Parler à quelqu’un de confiance, se confier à un proche de confiance, à un ami, un membre de la famille ou un professionnel afin d’obtenir soutien et perspective extérieure.
- Élaborer un plan de sortie de la relation, surtout si on redoute des représailles (trouver un endroit sûr où aller, économiser de l’argent, préserver des documents légaux, des biens précieux).
- Limiter ensuite les contacts avec l’agresseur pour éviter d’être manipulé à nouveau.
- Obtenir l’aide de groupes de soutien ou d’un professionnel de la santé mentale pour guérir du traumatisme subi et se reconstruire.
Est-il difficile de sortir d’une relation toxique ?
Oui, il est très difficile de sortir d’une relation toxique, cela demande du temps et beaucoup de ténacité, d’énergie, pour plusieurs raisons :
- La victime, manipulée souvent depuis des années, est émotionnellement dépendante de la personne toxique qui l’a façonnée ainsi, elle est donc persuadée qu’elle ne peut vivre/penser/ressentir/agir sans elle.
- Outre la violence verbale, psychique et physique de la personne toxique, la victime peut subir des mesures punitives nombreuses et variées : dénigrement auprès des amis communs, accusations multiples (maltraitance des enfants, irresponsabilité…), harcèlement physique et numérique, interdiction d’accès aux ressources (comptes en banque) et aux biens (maison, voiture…).
- Beaucoup de victimes souhaitent en leur for intérieur que la personne toxique change, s’amende, surtout après des périodes de « lune de miel » où la relation semble s’améliorer temporairement.
- L’isolement social, le manque d’appui et de moyens, la perte de confiance et de repères peuvent rendre difficile la recherche d’aide ou le départ.
En quoi un psychologue peut-il aider ?
Le psychologue peut jouer un rôle crucial à différents niveaux :
- Il va aider la victime à identifier les signes d’une relation toxique et à comprendre pourquoi elle est resté(e) dans cette relation.
- Il va épauler le patient pour qu’il retrouve sa confiance, son estime de soi afin d’être capable de quitter la relation, ou de ne pas y sombrer de nouveau.
- Il va apporter son conseil sur l’élaboration d’un plan de sortie, en donnant des outils pour gérer peurs, émotions, défis pratiques liés au départ.
- Il accompagne le processus de guérison, aide à surmonter les traumatismes subis pour reconstruire une vie plus saine.
- En identifiant les schémas de comportement qui ont amené à ce genre de relation, il pose un socle plus sain sur lequel développer les compétences nécessaires pour ne plus subir des relations similaires à l’avenir.
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