En psychologie, on s’est longtemps intéressé à ce qui ne va pas. Et si, sans nier la souffrance, on s’intéressait aussi à ce qui permet d’aller bien ? C’est l’approche de la psychologie positive, et l’un de ses outils les plus connus est le modèle PERMA. Développé par le psychologue américain Martin Seligman, ce modèle propose cinq piliers pour nourrir un bien-être durable. Chacun de ces domaines peut être travaillé, stimulé, accompagné — notamment en thérapie.
L’origine du modèle PERMA
Le modèle PERMA a été développé par Martin Seligman, l’un des fondateurs de la psychologie positive, dans les années 2010. Après des décennies à travailler sur la dépression, il s’est tourné vers une question complémentaire : qu’est-ce qui rend la vie épanouissante ?
Seligman identifie alors cinq composantes essentielles du bien-être, qui, selon lui, sont universellement recherchées et peuvent être cultivées. Son objectif ? Offrir un cadre simple, mais complet, pour réfléchir à l’épanouissement humain — dans la vie quotidienne comme dans le travail thérapeutique.
Les cinq piliers du modèle PERMA
Il importe de distinguer ces piliers, et la manière dont ils peuvent être mobilisés en psychothérapie. L’acronyme PERMA permet de mémoriser ces différentes notions.
P comme Positive Emotions – Les émotions positives
Ressentir de la joie, de la gratitude, de l’enthousiasme, de la tendresse… Les émotions agréables ne sont pas des « bonus » dans la vie, elles jouent un rôle fondamental dans l’équilibre psychique.
Apprendre à identifier et savourer ces émotions peut transformer notre rapport au quotidien, surtout après une période de stress ou de dépression.
Pour cultiver ces émotions positives, un psychologue proposera des exercices de gratitude, des pratiques de pleine conscience centrées sur le plaisir, des journaux des émotions positives.
E comme Engagement – L’engagement dans ce que l’on fait
L’engagement, c’est ce moment où l’on est tellement absorbé·e dans une activité qu’on en perd la notion du temps. Ce flow, comme l’appelle Mihály Csíkszentmihályi, est essentiel pour se sentir vivant·e.
Pour mettre en avant l’engagement, le psychologue peut proposer à son patient de repérer les activités qui le mobilisent pleinement (artistiques, sportives, intellectuelles), et lui monter comment les réintroduire progressivement dans son quotidien.
R comme Relationships – Les relations humaines
Le lien aux autres est un facteur central de bien-être. Amitiés, amour, entraide, soutien social : ces relations protègent, réparent et nourrissent notre santé mentale.
En thérapie, on va explorer les relations passées et présentes, travailler sur les schémas relationnels, encourager la création de nouveaux liens ou la participation à des cercles sociaux.
M comme Meaning – Le sens
Avoir un but plus grand que soi, se sentir utile ou aligné avec ses valeurs renforce la résilience. C’est là qu’il convient de s’interroger : « Quel sens je donne à ma vie, à mes épreuves, à mon engagement ? »
Le psychologue va aider son patient à revisiter son parcours, redonner du sens à des événements douloureux, clarifier ses valeurs profondes pour construire une direction de vie.
A comme Accomplishment – La réussite et le sentiment de progression
Se fixer des objectifs, les atteindre, se sentir compétent·e… Ce pilier valorise l’action et la progression, même modeste. Il soutient la confiance en soi.
La thérapie permet de définir des objectifs réalistes, d’encourager les petites réussites, de sortir de l’impuissance apprise, de renforcer le sentiment de compétence personnelle.
Dans quels cas utiliser le modèle PERMA ?
Le modèle PERMA constitue un outil d’accompagnement transversal très efficace. On peut l’utiliser :
- en thérapie individuelle pour gérer les troubles anxieux, les dépressions légères à modérées, les troubles de l’estime de soi, les reconversions de vie ;
- dans les suivis post-burnout, pour aider à reconstruire un équilibre durable ;
- en développement personnel, pour faire le point et réorienter son quotidien ;
- en accompagnement existentiel, lorsque la question du sens devient centrale.
Il est particulièrement adapté dans les situations où l’on souhaite redonner de la place à ce qui fonctionne déjà, restaurer une vision globale de soi, ou sortir d’une logique uniquement centrée sur les symptômes.
À noter : PERMA ne remplace pas un travail sur la souffrance psychique — il le complète. C’est un cadre structurant qui peut cohabiter avec des approches analytiques, comportementales ou humanistes.
Un outil de compréhension… et d’intervention
Comme vous l’aurez compris, le modèle PERMA n’a rien d’une recette miracle ; c’est un levier thérapeutique souple et accessible, pour mieux comprendre les dimensions du bien-être psychologique.
En séance, il peut être utilisé pour :
- faire un bilan personnel (suis-je connecté à chacun de ces piliers ?),
- orienter la prise en charge thérapeutique (par quoi commencer ?),
- restaurer une vision plus globale et dynamique de soi.
Travailler sur le bien-être ne veut pas dire ignorer la souffrance. Cela veut dire redonner de la place à ce qui fait du bien, à ce qui donne envie d’avancer. Le modèle PERMA est un outil simple, mais puissant, pour remettre un peu de lumière là où le regard s’est assombri.
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