“Il faut pardonner pour avancer.” Combien de fois a-t-on entendu cette phrase ?
Comme si le pardon était une étape obligatoire sur le chemin de la guérison.
Comme si refuser de pardonner, c’était rester enfermé dans sa colère.
Mais dans la réalité de la thérapie, les choses sont bien plus complexes.
Et parfois, cette injonction au pardon fait plus de mal que de bien.
Le pardon n’est pas un passage obligé
Certaines personnes trouvent de l’apaisement dans le pardon. D’autres non.
Et c’est très bien ainsi.
Le pardon peut être un choix, jamais une norme. Il suppose un travail long, profond, souvent douloureux. Et parfois, il n’aboutit pas.
Parce que la blessure est trop vive, parce que la confiance a été détruite, parce que la douleur reste. Ce n’est pas un échec. C’est une réalité psychique.
Vouloir forcer le pardon, c’est nier la profondeur de la blessure.
Pousser au pardon : une double peine
On demande souvent à la personne blessée d’être “sage”, “au-dessus de ça”, de “laisser le passé derrière elle”. Mais cette pression culpabilisante ajoute une souffrance supplémentaire : la douleur de ce qu’on a subi, et la honte de ne pas réussir à “pardonner comme il faut”.
Pourtant, on peut très bien guérir sans pardonner. Guérir, c’est retrouver du pouvoir sur sa vie, c’est comprendre, digérer, se reconstruire. Et cela ne passe pas nécessairement par l’absolution.
Pardonner n’est pas oublier
Le pardon n’efface pas le traumatisme. Il ne supprime ni la colère, ni la tristesse, ni la peur.
Il ne répare pas toujours la relation. Il ne transforme pas un comportement destructeur en acte excusable.
Le pardon, s’il advient, n’est pas un effacement — c’est une mise à distance émotionnelle, un moment où la douleur ne dirige plus la vie. Mais cette étape ne peut venir qu’après un long travail intérieur, jamais sous la contrainte sociale.
On peut guérir autrement
Guérir, c’est parfois :
- reconnaître la blessure,
- accepter qu’elle fasse partie de l’histoire,
- poser des limites claires,
- choisir la sécurité plutôt que la réconciliation.
Le véritable apaisement ne passe pas toujours par le pardon, mais par la reconnaissance : celle de sa souffrance, de sa valeur, de son droit à la colère.
Le pardon ne peut pas être une injonction
Le pardon, s’il arrive, ne se décide pas. Il se construit, lentement, quand la personne se sent en sécurité. Mais vouloir l’imposer, c’est inverser les rôles : demander à la victime de soulager la conscience de l’autre.
Le pardon n’est pas une preuve d’évolution.
C’est parfois une abdication forcée.
A retenir
Vous avez le droit de ne pas pardonner.
Le droit d’être en colère.
Le droit de poser vos limites.
Le droit de ne pas vouloir réconcilier ce qui a blessé.
Le plus important, ce n’est pas de pardonner.
C’est de prendre soin de vous — à votre rythme, dans le respect de votre vécu.
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