Elle est souvent évoquée dans les médias ou sur les réseaux sociaux, parfois à contresens ou hors contexte. Parfois mal comprise, la psychologie positive est réduite à un simple discours « feel good », « bien-être » et « développement personnel ». Elle est pourtant à la source un courant scientifique solide, qui a toute sa place (et son utilité) en consultation psychologique. Un décryptage s’impose.
Encourager l’épanouissement
La psychologie positive est une branche de la psychologie qui se concentre sur les ressources, les forces et les conditions permettant aux individus de s’épanouir. Alors que la psychologie traditionnelle s’est longtemps focalisée sur la souffrance, les troubles mentaux et leur traitement, la psychologie positive aborde la santé mentale sous un autre angle, avec une autre problématique :
Qu’est-ce qui rend la vie satisfaisante, épanouissante, heureuse ?
Entendons-nous bien : il ne s’agit par de nier ou d’occulter l’existence des difficultés, mais d’encourager en parallèle de ces difficultés le développement de compétences émotionnelles, relationnelles et existentielles qui vont enrichir notre vision du monde et de notre existence, favoriser notre essor.
Rendre la vie digne d’être vécue
Cette approche, on la doit au psychologue américain Martin Seligman, qui formule clairement et très officiellement la chose en 1998 lors de son discours inaugural en tant que président de l’American Psychological Association (APA).
Jusque-là connu pour ses travaux sur la dépression et l’impuissance apprise, Seligman a alors appelé à un rééquilibrage de la discipline : « La psychologie ne doit pas se contenter de réparer ce qui ne va pas. Elle doit aussi s’intéresser à ce qui rend la vie digne d’être vécue. »
Pour en arriver à ce constat, Seligman s’est inspiré de travaux antérieurs, notamment ceux d’Abraham Maslow (pyramide des besoins, « psychologie humaniste ») et de Carl Rogers (approche centrée sur la personne). Et ce constat va constituer un tournant majeur dans la psychologie moderne.
Les grands principes de la psychologie positive
La psychologie positive s’organise autour de plusieurs axes, souvent résumés par le modèle PERMA, développé par Seligman :
- P – Positive emotions : cultiver des émotions positives (joie, gratitude, espoir…)
- E – Engagement : s’impliquer pleinement dans des activités motivantes
- R – Relationships : entretenir des relations sociales de qualité
- M – Meaning : donner du sens à ce que l’on fait
- A – Accomplishment : se fixer des objectifs et progresser.
À cela s’ajoutent des thématiques comme :
- la résilience,
- la pleine conscience (mindfulness),
- les forces de caractère (test VIA Character Strengths),
- la gratitude,
- la satisfaction de vie.
Dit comme ça, c’est effectivement clair, limpide même. Et cela donne un cadre, une sorte de marche à suivre. Presque une lueur d’espoir ?
Des avantages indéniables et décisifs
Les bénéfices de la psychologie positive sont nombreux :
- Amélioration du bien-être général
- Renforcement de l’estime de soi et de la confiance
- Meilleure gestion du stress et des émotions
- Relations interpersonnelles plus satisfaisantes
- Résilience accrue face aux épreuves.
Bien sûr, la psychologie positive ne remplace pas les approches cliniques traditionnelles, mais elle les complète efficacement, notamment dans le cadre de la prévention des troubles, l’accompagnement thérapeutique, la reconstruction après un traumatisme.
Comment les psychologues l’utilisent-ils concrètement ?
Les psychologues formés à la psychologie positive peuvent intégrer ses principes :
- en accompagnement individuel (thérapie, coaching de vie, soutien au changement),
- en ateliers de groupe (gestion du stress, estime de soi, communication),
- dans les institutions (écoles, entreprises, structures de soin).
Le but n’est pas de nier les difficultés, mais d’aider les personnes à mobiliser leurs ressources internes, à trouver du sens, et à développer une meilleure qualité de vie.
Les outils et exercices issus de la psychologie positive ne manquent guère qui vont dans ce sens :
- Journal de gratitude : écrire chaque jour trois choses positives vécues
- Lettre de reconnaissance : rédiger une lettre à quelqu’un qui a compté dans sa vie
- Identification des forces : à l’aide du questionnaire VIA ou à travers des échanges
- Visualisation du futur positif : imaginer en détail un avenir satisfaisant et inspirant
- Savourer l’instant présent : apprendre à ralentir et apprécier les petits plaisirs
Un courant complémentaire, pas un remède miracle
Soulignons, et cela importe de bien le retenir, que la psychologie positive n’a rien à voir avec l’injonction au bonheur permanent. En d’autres termes, elle ne clame pas « soyez heureux à tout prix ». C’est plutôt une invitation à explorer ce qui rend la vie plus riche, malgré les épreuves.
Ce n’est pas non plus de l’improvisation. C’est une approche fondée sur des données scientifiques, validée par de nombreuses études (notamment en neurosciences et psychologie expérimentale), qui complète les approches classiques sans les remplacer.
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