Un blog, des articles, des posts Instagram, pourquoi autant se prendre la tête à publier ? Eh bien, tous ces contenus ne sont que la partie émergée de l’iceberg. J’en fournis autant sinon plus à mes patients. Tout cela participe d’une démarche très sérieuse : la psychoéducation. Un rouage central, pour ne pas dire essentiel, de la thérapie.
Un outil thérapeutique précieux
La psychoéducation ? Mais encore ? Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut déjà aborder la notion d’éducation thérapeutique. Transmise dans les services hospitaliers, en médecine générale et en structures spécialisées, cette dernière vise à aider les patients atteints de maladies chroniques et leurs aidants à mieux comprendre leur pathologie et à gérer leur traitement au quotidien.
La psychoéducation fait partie de l’éducation thérapeutique, elle relève de la même logique, mais elle concerne la santé mentale, le traitement des troubles psychiques. Elle a pour finalité de fournir aux patients concernés et à leur entourage des connaissances précises sur un trouble psychologique ou psychiatrique, ainsi que des stratégies pour mieux le gérer au quotidien. Rien de bien nouveau du reste, dès le XIXᵉ siècle, des psychiatres comme Philippe Pinel ou Jean-Étienne Esquirol défendent ce point de vue.
L’accompagnement pédagogique comme outil thérapeutique va connaître une embellie dans les années 60/70, avec l’essor des approches systémiques et comportementales. Initialement développée pour accompagner les patients atteints de schizophrénie, la psychoéducation va progressivement s’étendre à de nombreuses autres pathologies, troubles anxieux, troubles de l’humeur, troubles du comportement alimentaire ou du spectre autistique.
Principes fondamentaux
La psychoéducation est donc une pédagogie destinée aux patients et à leur entourage. Elle repose sur plusieurs principes fondamentaux qu’il faut respecter pour qu’elle ait un effet positif :
- Informer et sensibiliser, c’est-à-dire permettre au patient et à son entourage de mieux comprendre le trouble, ses mécanismes et son évolution.
- Favoriser l’autonomie, fournir des outils concrets pour mieux gérer les symptômes et prévenir les rechutes.
- Diminuer la stigmatisation, lutter contre les idées reçues et encourager une approche bienveillante et rationnelle de la maladie.
- Améliorer l’observance thérapeutique, aider les patients à mieux adhérer aux traitements et aux stratégies thérapeutiques proposées.
La psychoéducation va ainsi développer l’autonomie du patient tout en prévenant les risques de rechute. Les familles, informées, vont être plus à même d’adapter leur approche, ils deviennent des aidants efficaces.
Pourquoi est-ce important pour le patient… et le psychologue ?
La psychoéducation va avoir un impact positif pour le patient, tout en facilitant le travail du psychologue.
En ce qui concerne le patient :
- La connaissance de son trouble va l’aider à mieux en identifier les signes précoces, ce qui permet une intervention rapide et efficace en cas d’aggravation.
- En apprenant à mieux gérer les symptômes et à identifier les facteurs de stress, le patient peut retrouver une vie plus stable.
- De nombreux patients ressentent une grande détresse face à leurs symptômes. La psychoéducation leur donne des stratégies concrètes pour reprendre le contrôle et diminuer l’anxiété et la culpabilité associées à leur état.
En ce qui concerne le psychologue :
- Une meilleure compréhension du trouble par le patient favorise une collaboration plus efficace et améliore l’engagement dans la thérapie.
- En fournissant des outils pratiques et des tactiques d’adaptation, le psychologue peut améliorer l’efficacité de l’accompagnement psychothérapeutique.
- Un patient bien informé pose des questions plus précises et applique plus facilement les recommandations thérapeutiques.
Les facteurs d’une psychoéducation réussie ?
Pour que la psychoéducation porte ses fruits, le psychologue doit tenir compte de plusieurs impératifs. Tout va dépendre du public cible : un enfant avec un TDAH n’aura pas la même approche qu’un adulte avec un trouble bipolaire ; une famille nécessitera un accompagnement spécifique pour comprendre et soutenir un proche. Dans tous les cas, il faut se rappeler que le patient comme son entourage sont perdus, dépassés. Il faut les rassurer.
Il va falloir adapter son langage et son approche.
- On s’exprimera de manière simple et accessible. Plutôt que le jargon médical, on privilégiera des explications imagées et des métaphores.
- On vérifiera régulièrement si les explications sont comprises, quitte à reformuler si nécessaire.
- On créera un dialogue interactif, en encourageant le patient et ses proches à poser des questions.
On peut utiliser des supports visuels et pédagogiques.
- Expliquer le fonctionnement du cerveau, les émotions ou les mécanismes des troubles avec des dessins, des infographies sera bien plus éclairant que des textes.
- De nombreux psychologues utilisent des vidéos didactiques ou des podcasts pour rendre les explications plus concrètes.
- Diaporamas ou brochures sont très utiles en consultation pour garder une trace des explications.
On va fournir des outils concrets pour gérer le trouble.
- Les carnets de suivi permettent aux patients de noter leurs émotions, comportements et progrès.
- Les techniques de gestion du stress et des émotions englobent l’apprentissage de la respiration, relaxation, pleine conscience, etc.
- Les mises en situation et jeux de rôles simulent des situations du quotidien pour développer des réponses adaptées.
Il faut encourager l’autonomie et l’engagement du patient.
- On fixe des objectifs atteignables (la fameuse méthode SMART) pour éviter la frustration et faciliter la progression.
- Utiliser des applications mobiles ou plateformes en ligne peut permettre de prolonger la psychoéducation entre les séances.
- Encourager le patient à partager ce qu’il a compris est un bon moyen de s’assurer de sa compréhension.
La psychoéducation est un outil puissant et indispensable dans l’accompagnement des patients souffrant de troubles psychologiques. C’est un excellent moyen d’améliorer leur autonomie, de réduire les risques de rechute et de renforcer l’efficacité du suivi thérapeutique. Pour les psychologues, cette stratégie précieuse permet d’optimiser l’engagement et les progrès de leurs patients. Bref, c’est un incontournable !
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