Stress, phobies, traumatisme, deuil… ce n’est un secret pour personne : les crises d’angoisse et les attaques de panique ne surviennent pas par hasard. Les thérapies cognitivo-comportementales ont pour objectif de comprendre le fonctionnement des crises, comment le processus se met en place pour ensuite développer des parades, qui permettent d’atténuer la portée de ces crises, avant de progressivement les neutraliser.

Parallèlement, il faut aussi connaître les situations qui vont faciliter le déclenchement des crises en rendant le patient plus vulnérable, plus fragile. Attention, ces paramètres ne vont pas forcément engendrer une attaque de panique, mais elles en favorisent l’éclatement. Parmi tous ces facteurs, le manque de sommeil peut jouer un rôle significatif, en alimentant l’anxiété via des dysfonctionnements caractéristiques.

La perturbation des neurotransmetteurs

Pour bien comprendre en quoi le manque de sommeil privilégie une attaque de panique, il faut interroger notre physiologie. Que se passe-t-il dans notre cerveau quand nous manquons de sommeil ? Dormir joue un rôle crucial dans la régulation des neurotransmetteurs, tels que la sérotonine, la dopamine et le GABA … qui sont impliqués dans la gestion de l’humeur et de l’anxiété. Ne pas dormir perturbe l’équilibre de ces neurotransmetteurs, ce qui prédispose à des crises d’angoisse. Par exemple, une privation chronique de sommeil peut entraîner une diminution de la sérotonine, ce qui peut rendre une personne plus vulnérable aux attaques de panique.

Exemple :

Marie travaille beaucoup. Depuis quelque temps, elle a de plus en plus de dossiers à traiter, de tâches à accomplir. Pour tenir ses échéances, elle prend sur son temps de sommeil. Et quand elle a du temps pour dormir, elle est tellement préoccupée qu’elle a du mal à s’endormir, se réveille plusieurs fois, fait des rêves désagréables… ou ne ferme simplement pas l’œil de la nuit.

Le manque de sommeil s’accumulant, le taux de sérotonine dans le cerveau de Marie va diminuant. Cela peut rendre son système nerveux plus réactif aux stimuli stressants et augmenter sa sensibilité à l’anxiété. Des situations qui seraient normalement gérables peuvent maintenant déclencher une réponse anxieuse plus rapide et plus intense chez Marie. Le cercle vicieux est posé.

La dysrégulation de l’humeur

Il faut savoir que le sommeil joue un rôle essentiel dans la régulation de l’humeur. Lorsque nous manquons de sommeil, notre équilibre émotionnel peut rapidement être perturbé. Une personne qui dort mal, qui n’a pas son compte d’heures de repos va s’avérer plus irritable, plus perméable aux émotions parasites, aux réflexions négatives, à la rumination mentale. Autant de sensations désagréables qui instituent un malaise, et favorisent l’apparition de l’anxiété, augmentant le risque de crises d’angoisse.

Exemple :

Marie donc sacrifie régulièrement des heures de sommeil pour terminer ses tâches professionnelles. Au fil des jours, sa fatigue s’accumule et commence à perturber son humeur.

Elle s’irrite de tout, a du mal à se concentrer. Cependant, au fur et à mesure que le manque de sommeil persiste, ces symptômes peuvent s’aggraver. Son humeur devient de plus en plus instable, elle peut ressentir des variations de comportement rapides et intenses.

La combinaison de la fatigue chronique et de l’instabilité émotionnelle rend Marie plus vulnérable aux crises d’angoisse. Ainsi, un jour où elle n’a pratiquement pas dormi la nuit précédente, elle peut commencer à ressentir une anxiété aiguë sans raison apparente. Cette anxiété peut s’intensifier rapidement, provoquant une crise d’angoisse.

Sensibilité accrue au stress

En dérégulant l’humeur, le manque de sommeil va augmenter la réactivité au stress. Lorsque nous sommes privés de sommeil, notre système nerveux est en état d’hyperactivité, ce qui rend les réponses au stress beaucoup plus prononcées. Des situations qui seraient autrement gérables peuvent sembler écrasantes, insurmontables et susciter une anxiété intense.

Exemple :

Épuisée, surchargée de travail, Marie va avoir de plus en plus de mal à réguler ses émotions. Normalement, le corps et l’esprit ont besoin de sommeil pour se régénérer et se rétablir du stress accumulé pendant la journée. Privée de sommeil, Marie ne peut plus récupérer, ce qui rend son corps et son esprit plus sensibles.

Des situations andines peuvent maintenant déclencher une réponse de stress plus intense. Ainsi, une demande de son supérieur hiérarchique, une présentation devant des clients, tâches que Marie gère habituellement sans trop de souci quand elle est reposée, constituent une source d’anxiété et de pression insurmontable en période d’épuisement.

Marie se sent submergée par l’anxiété, incapable de faire face à la pression. Incapable de comprendre ce qui se passe, elle va ressentir de la peur, de la honte, de la culpabilité… L’angoisse s’enracine dans ce terreau fertile… avec au bout du processus, la crise d’anxiété.

Altération de la fonction cognitive

Ne pas dormir affecte les fonctions cognitives, telles que l’attention, la concentration, la mémoire et la prise de décision. Lorsque nous sommes privés de sommeil, notre capacité à traiter les informations et à évaluer les situations de manière rationnelle peut être altérée. Cela peut créer un cercle vicieux où l’anxiété rend encore plus difficile la gestion des pensées angoissantes. Ainsi, une personne privée de sommeil peut avoir du mal à rationaliser ses peurs et à contrôler ses pensées invasives, ce qui peut favoriser le déclenchement d’une crise d’angoisse.

Exemple :

Marie, encore et toujours elle, la pauvre, parce qu’elle manque sérieusement de sommeil, peine à se concentrer, à se distancer, à réfléchir « à tête reposée ». Elle oublie certaines tâches, n’arrive plus à rester concentrée aussi longtemps, peine à réagir, à envisager des solutions. Elle, qu’on considère si rapide, si réactive, si agile habituellement, elle qui traite trois à quatre dossiers à la fois, qui assure les plannings, les rendez-vous, les mails, le contact avec les clients, voilà qu’elle n’arrive plus à rien. Ces altérations cognitives vont forcément augmenter son stress et sa frustration. Il suffira d’une situation un peu tendue de trop pour que la crise éclate.

Nous répondons tous différemment au manque de sommeil, certains ont besoin de moins de repos que d’autres, ou ils sont carrément entraînés, ainsi les astronautes ou les militaires. Attention cependant : nous avons tous nos limites. Le manque de sommeil, s’il est un symptôme de l’angoisse, en est aussi un accélérateur. Comme le combustible qu’on jette sur une flamme, il va intensifier le processus et participer à l’explosion de la crise d’angoisse. Il importe de la savoir pour pouvoir placer ce facteur parmi les signes avant-coureurs qui doivent alerter.

Cet article vous interpelle ? Vous êtes concerné.e ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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