Parmi les différentes corrélations du burn-out, on trouve le bore-out, le burn-in, mais aussi le brown-out. Une forme très particulièrement d’épuisement professionnel… lié à la perte de sens, de valeur et qui tend à se répandre. Mais encore ?
Le brown-out, la perte de sens au travail
Pour mieux comprendre le phénomène de brown-out, il convient de le différencier de ses deux cousins, le burn-out et le bore-out.
- Le burn-out, c’est cet état d’épuisement professionnel profond caractérisé par un stress chronique, une fatigue intense, un sentiment de débordement émotionnel. Il est souvent causé par des exigences professionnelles excessives, un manque de soutien au travail, un déséquilibre entre la vie professionnelle et personnelle.
- Le bore-out, quant à lui, se manifeste lorsqu’on se sent sous-stimulé.e au travail en raison d’un manque de tâches significatives à accomplir. L’ennui et la frustration proviennent de l’absence de missions ou de responsabilités intéressantes.
Tout aussi pervers, le brown-out découle d’une perte de sens, d’un manque de satisfaction dans son quotidien professionnel. On ne manque pas de tâches à accomplir, on a des responsabilités, un salaire décent, mais on ne comprend plus la signification ni l’importance de ce qu’on fait. Ce manque de valeur et d’intérêt alimente un état de désengagement, une perte de motivation qui accouche d’un épuisement émotionnel doublé de la conviction de son inutilité. Cela se produit notamment dans le cadre des « bullshit jobs », les fameux« jobs à la con ».
55 % des salariés concernés ?
La notion de « brown-out » a été initiée dans les années 2010 par l’anthropologue américain David Graeber, approfondi par le psychologue français Pascal Chabot et le docteur François Baumann. Le terme découle d’un jeu de mots sur le terme « blackout », diminution partielle ou complète de courant pour éviter la surchauffe des appareils électriques. Le brown-out se traduit par un état de désengagement ou de désillusion au travail, un sentiment de vide, de confusion et de perte de sens dans le contexte professionnel.
Avec l’avènement des nouvelles technologies, de l’automatisation des tâches, de plus en plus de salariés sont touchés. Selon une enquête menée en 2017 par Deloitte, 55 % des travailleurs interrogés témoignent d’une dégradation du sens de leur travail, soit plus d’un professionnel sur deux. Le brown-out concerne plus spécifiquement les secteurs du e-commerce, du marketing, de la communication, mais aussi des ressources humaines, du management… Les personnes surdiplômées dont on n’exploite pas pleinement les compétences sont particulièrement vulnérables.
Les signes du désengagement
Les symptômes qui doivent vous alarmer, que vous soyez salarié.e, manageur.euse ou RH ?
- Des retards, des absences de plus en plus fréquents.
- Un manque d’entrain et d’attention au quotidien.
- Le refus de s’impliquer, de régler des problèmes, de prendre des initiatives.
- De la paresse qui débouche sur une détérioration de la qualité des tâches.
- Un sentiment d’absurdité et de frustration grandissant.
- De l’irritation, plus aucun sens de l’humour.
- Un doute profond sur ses capacités, sa carrière, son futur.
- De l’insomnie, des états d’addiction.
- Un état chronique d’anxiété, voire de la dépression.
Il importe d’être attentif car le brown-out d’un individu peut avoir des conséquences sur le groupe, désorganiser la chaîne de production, créer une mauvaise ambiance, dégrader la qualité des échanges humains, le rendement d’une équipe.
Quelles parades au brown-out ?
Lutter contre le brown-out, le prévenir devrait être l’apanage des managers et des chargés RH. Ils devraient être à même d’endiguer la chose, d’en être informés, de pouvoir en repérer l’émergence. Si ce n’est pas le cas et que vous êtes seul.e face à votre brown-out, que pouvez-vous faire ?
- Allez en discuter avec les représentants du personnel, les membres du comité d’entreprise, éventuellement votre supérieur, pour évoquer une transformation, trouver à redonner du sens à votre travail.
- Si ce n’est pas viable, misez sur un changement de poste, d’entreprise, voire une reconversion dans un autre secteur professionnel.
- N’affrontez pas ce cheminement seul.e. Parlez-en à un professionnel de santé, votre médecin de famille par exemple, afin de faire le point sur l’épuisement physique et nerveux qui vous mine, de vous aider à lutter contre la fatigue émotionnelle, la perte de sommeil.
- Consultez un psychologue ; capable de vous épauler, iel vous aidera à identifier le mal ainsi que ses causes, à prendre conscience du phénomène et à l’accepter sans culpabiliser. C’est très important de mettre la culpabilité à distance car le brown-out implique forcément une remise en cause de ses compétences.
- Le psychologue vous amènera par ailleurs à questionner le pourquoi de ce désengagement, à saisir vos attentes, vos blocages.
Cet article vous interpelle ? Vous vous sentez concerné.e ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.