Si le burn-out est désormais connu et traité, on commence à peine à évoquer les effets néfastes du bore-out. Pourtant, en 2016, ce syndrome touchait déjà 30 % des salariés. Trois ans plus, 6 Français sur 10 affirment en souffrir : 63 %. Des statistiques inquiétantes. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Quel est l’impact du bore-out sur la qualité de vie au travail et dans l’intimité ? Comment le neutraliser ?

Bore-out : l’usure de l’ennui

Nous avons maintes fois abordé la question du burn-out dans ce blog. Cet état d’épuisement émotionnel, mental et physique découle d’un stress prolongé dans le cadre de son activité professionnelle, face à des demandes excessives, des objectifs irréalistes, un environnement de travail toxique. Le bore-out survient quant à lui avec l’ennui, la répétition, le manque d’intérêt.

Le terme parle de lui-même. Il mêle les vocables anglais « boredom » (ennui) et « burnout » (épuisement). Ce syndrome s’installe lorsqu’un salarié est sous-stimulé au travail en raison d’un manque de tâches intéressantes ou de responsabilités insuffisantes. Il s’ennuie, perd la motivation, se sent inutile, sans intérêt, doute de ses compétences. Cette sensation entraîne une baisse de productivité, de l’insatisfaction chronique, une perte de sens, des problèmes de bien-être mental.

Le concept d’ »ennui au travail » a été popularisé par les auteurs suisses Philippe Rothlin et Peter R. Werder dans leur livre Diagnose Boreout: Warum Unterforderung im Job krank macht (en français, Diagnostiquer le bore-out : Pourquoi le sous-stimulus au travail rend malade), publié en 2007. S’appuyant sur leurs expériences personnelles et leurs observations en tant que consultants en gestion, les deux auteurs ont constaté que de nombreuses personnes étaient aux prises avec le bore out ; ce phénomène était pourtant moins connu que le burn-out à l’époque.

Depuis la publication de cet ouvrage, le concept de bore out a gagné en notoriété dans le domaine de la psychologie du travail et de la gestion des ressources humaines. Les recherches se poursuivent : c’est ainsi que la notion de brown out a progressivement nuancé le bore out. Les personnes qui en sont atteintes ont des tâches à effectuer, elles ne s’ennuient pas, mais ressentent une perte de sens face à leur travail. Cela les déconnecte de leur objectif, entraînant un sentiment de désillusion, un désintérêt profond.

Les symptômes du bore-out

Le bore-out peut entraîner divers symptômes, à la fois sur le plan de la santé mentale et de la santé physique. Si ses manifestations peuvent varier d’une personne à l’autre, elles sont néanmoins connues et identifiables.

  • Ennui et désintérêt : Les personnes atteintes de bore-out ressentent généralement un ennui profond et constant au travail. Elles ont peu ou pas de tâches stimulantes à accomplir, ce qui peut conduire à un désintérêt croissant pour leurs responsabilités professionnelles.
  • Diminution de la motivation : Les individus en proie au bore-out peuvent perdre toute motivation à travailler. Le manque de défis et de gratification dans leur emploi peut entraîner une baisse significative de leur désir de réussir et de s’investir.
  • Sentiment d’inutilité : Les personnes atteintes de bore-out peuvent se sentir inutiles au travail, elles ont l’impression de ne pas contribuer de manière significative aux avancées de l’entreprise. Cela peut affecter leur estime de soi et leur confiance en elles.
  • Fatigue : Le bore-out semble moins stressant que le burn-out, pourtant il peut engendrer une fatigue persistante. L’ennui constant et l’absence de stimulation peuvent en effet s’avérer mentalement et émotionnellement épuisants.
  • Anxiété et dépression : Le bore-out peut favoriser l’anxiété et la dépression. Les personnes concernées peuvent se sentir déprimées en raison de leur situation de travail insatisfaisante, et l’anxiété peut surgir en raison de l’incertitude liée à l’avenir professionnel.
  • Problèmes physiques : Le bore-out peut également avoir des répercussions sur la santé physique. Les personnes touchées peuvent ressentir des maux de tête fréquents, des troubles du sommeil, des problèmes gastro-intestinaux et d’autres symptômes physiques liés au stress.
  • Absentéisme : Certaines personnes atteintes de bore-out peuvent commencer à s’absenter fréquemment du travail en raison du manque d’envie d’y aller. Cela peut avoir un impact sur leur performance et leur carrière.
  • Culpabilité : Elle s’insinue progressivement dans le conflit entre le fait d’avoir un salaire et un poste, donc une sécurité matérielle, et l’insatisfaction progressive engendrée par le caractère répétitif et ennuyeux des missions assignées. Pourquoi se sentir si mal alors qu’on a un travail quand beaucoup d’autres n’en ont pas ?

Comment traiter le bore-out ?

Reconnaître les signes du bore-out est une chose ; mais comment s’y prendre pour y échapper ? Il va falloir redonner du sens à son activité. Voici quelques solutions et pistes à suivre.

  • Communiquez avec votre employeur : Si vous êtes confronté à cette situation, il est essentiel de communiquer vos préoccupations à votre employeur ou à votre supérieur hiérarchique. Discutez de vos besoins en termes de tâches plus stimulantes et de nouvelles responsabilités.
  • Demandez des changements de poste : Si possible, envisagez de changer de poste au sein de l’entreprise pour trouver un rôle qui correspond mieux à vos compétences et à vos intérêts.
  • Fixez-vous des objectifs personnels : Définissez des objectifs personnels et professionnels pour vous-même. Cela peut vous aider à maintenir votre motivation et à avoir un sentiment de réalisation, même si votre travail actuel est peu stimulant.
  • Apprenez de nouvelles compétences : Profitez du temps libre au travail pour acquérir de nouvelles compétences ou des connaissances pertinentes pour votre carrière. Cela peut vous rendre plus employable et plus satisfait de votre travail.
  • Demandez un coaching ou une formation : Demandez à votre employeur de vous fournir des opportunités de formation ou de développement professionnel qui peuvent enrichir votre travail.
  • Trouvez des activités en dehors du travail : Investissez du temps et de l’énergie dans des activités en dehors du travail qui vous passionnent. Cela peut contribuer à équilibrer votre vie et à réduire l’impact négatif du bore-out.
  • Considérez un changement de carrière : Si le bore-out persiste malgré vos efforts pour le résoudre, envisagez sérieusement un changement de carrière vers un domaine qui vous passionne davantage.
  • Pratiquez la gestion du stress : Adoptez des techniques de gestion du stress, telles que la méditation, le yoga, l’exercice physique régulier et une alimentation équilibrée, pour maintenir votre bien-être physique et mental.
  • Ne restez pas seul.e face à cet obstacle : Parlez de votre situation à un conseiller en orientation professionnelle, à un coach de carrière. Ils peuvent vous aider à y voir plus clair, à explorer des options de carrière, à mettre en place une stratégie.

Le psychologue, un allié face au bore-out

Le psychologue, quant à lui, va vous épauler pour gérer le stress consécutif à ce syndrome et améliorer votre bien-être émotionnel mis à mal par le manque d’épanouissement, le doute sur vos capacités, l’émergence de l’anxiété et la dépression. Il va surtout vous aider à identifier le bore-out, dont les symptômes sont très semblables à ceux du burn-out. Cela implique plusieurs étapes.

  • Évaluation de la situation : Dans un premier temps, le psychologue aidera le salarié à comprendre en profondeur sa situation. Cela inclut l’identification des causes sous-jacentes et du processus qui a conduit à cette situation. Il faudra aussi évaluer l’impact émotionnel et mental de ces facteurs.
  • Soutien émotionnel : Le psychologue offre un espace sûr pour que le salarié puisse s’exprimer sur ses sentiments d’ennui, de frustration, de désintérêt et d’inutilité au travail. C’est essentiel de pouvoir exprimer ses ressentis, sa détresse, de mettre des mots dessus, d’explorer les émotions qui s’y rattachent.
  • Identification des ressources internes : Le psychologue aide par ailleurs le salarié à réinvestir ses compétences, ses intérêts, ses objectifs professionnels. Il s’agit de rétablir la confiance et l’estime de soi en mettant en évidence les forces et les réalisations passées.
  • Développement de stratégies : En parallèle, on élaborera des stratégies : recherche de nouvelles responsabilités au travail,d’un équilibre entre travail et vie personnelle, réorientation professionnelle, définition d’un nouveau poste.
  • Gestion du stress et de l’anxiété : Si le bore-out a entraîné des symptômes de stress ou d’anxiété, il va falloir acquérir des techniques inspirées des TCC par exemple, telles que la relaxation, la méditation ou la respiration profonde, pour aider mieux gérer ces symptômes.
  • Suivi et soutien continu : Le psychologue peut continuer à travailler avec le salarié sur une base régulière pour suivre sa progression, adapter les stratégies en fonction des besoins changeants et fournir un soutien émotionnel continu.

Comme le burn-out, le bore-out n’est pas à prendre à la légère. Il convient d’en connaître la logique pour en identifier les signes et mettre en place des parades efficaces afin de s’en extraire avec que les dégâts ne soient trop importants.

Cet article vous interpelle ? Vous désirez en savoir plus ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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