Troubles de l’humeur : on emploie l’expression un peu n’importe comment, il faut bien l’avouer. On se réveille un matin fatigué et grincheux parce qu’il pleut : trouble de l’humeur ? On se prend une remarque désagréable de la part d’un proche et on fait la tête : trouble de l’humeur ? Certes, il y a de quoi voir son humeur troublée. Pour autant, les troubles de l’humeur, ce n’est pas ça. Il s’agit d’altérations importantes et durables de l’état émotionnel d’une personne, avec un impact conséquent sur la vie quotidienne. On fait le point ?
Trouble de l’humeur et excès d’émotion
Une petite définition pour débuter ce tour de piste. Un trouble de l’humeur désigne une perturbation marquée et prolongée des émotions d’un individu, qui peut entraîner des changements dans ses pensées, son comportement, et ses interactions sociales. Cette perturbation se manifeste généralement par des émotions excessivement négatives (comme la tristesse intense ou l’irritabilité) ou positives (comme une excitation extrême ou une sensation de grandeur).
La grande famille des troubles de l’humeur comporte deux branches majeures.
- Les troubles dépressifs, caractérisés par une humeur dépressive persistante, une perte d’intérêt pour les activités habituelles, et des symptômes physiques (fatigue, troubles du sommeil, etc.).
- Les troubles bipolaires, définis par l’alternance de phases dépressives et maniaques, avec des symptômes de dépression grave suivis de périodes d’excitation extrême (maniaques) ou d’une hypomanie plus modérée.
Les troubles de l’humeur, de l’Antiquité à aujourd’hui
Là encore, rien de nouveau sous le soleil. La notion de troubles de l’humeur remonte à l’Antiquité : des philosophes comme Hippocrate bûchaient déjà sur une théorie des « humeurs » selon laquelle les états émotionnels étaient liés à un équilibre des liquides corporels. Au XIXe siècle, des psychiatres comme Emil Kraepelin ont formalisé les catégories de la dépression et de la manie, marquant les bases des classifications modernes. Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) est aujourd’hui l’outil de référence pour définir et diagnostiquer ces troubles.
Troubles ainsi catégorisés, c’est toujours bon à savoir :
- Trouble dépressif majeur : une dépression sévère marquée par une tristesse intense, une perte de plaisir dans presque toutes les activités et des symptômes physiques comme une fatigue extrême ou des troubles du sommeil.
- Trouble bipolaire : alternance de phases dépressives et maniaques, avec des épisodes d’extase, d’hyperactivité, de comportements risqués et de baisse du besoin de sommeil.
- Trouble dysthymique (ou trouble dépressif persistant) : une forme plus légère mais chronique de dépression qui dure pendant des années.
- Cyclothymie : oscillation entre des phases de symptômes dépressifs modérés et des périodes d’hypomanie (excitation modérée) sur plusieurs années.
Symptômes, conséquences et repérages
Ok mais encore ? Quid des symptômes par exemple ? Ces derniers varient en fonction du trouble, mais ils partagent souvent certains éléments communs :
- Dépression : tristesse prolongée, perte d’intérêt, manque d’énergie, troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie), idées suicidaires.
- Manie : sentiment exagéré de grandeur, hyperactivité, impulsivité, comportements risqués (dépenses excessives, relations sexuelles non protégées, conduite dangereuse), faible besoin de sommeil.
Autant dire que les répercussions au quotidien sont considérables. Souffrir d’un trouble de l’humeur affecte la capacité à travailler, à maintenir des relations sociales et familiales, et à prendre soin de soi. Parfois, cela conduit également à des comportements autodestructeurs, à un isolement social important.
Concrètement, qu’est-ce qui doit vous alarmer ? Tout ce qui relève d’un changement notable et prolongé dans l’humeur ou les comportements, notamment :
- Une tristesse excessive ou une irritabilité sans raison apparente.
- Des difficultés à éprouver du plaisir dans des activités auparavant agréables.
- Des changements dans l’appétit, le sommeil ou l’énergie.
- Des pensées suicidaires ou des comportements autodestructeurs.
Si ces symptômes persistent plus de deux semaines, il est urgent ET crucial de consulter un professionnel.
Diagnostic et traitement
Le diagnostic repose principalement sur un entretien clinique détaillé avec un professionnel de la santé mentale. Ce dernier évalue les symptômes et leur impact sur la vie quotidienne du patient. Des critères diagnostiques spécifiques, comme ceux du DSM-5, sont utilisés pour poser un diagnostic précis.
Les troubles de l’humeur sont en général pris en charge par un psychiatre et un psychologue. Les traitements des troubles de l’humeur varient en fonction du type de trouble et de sa gravité. Ils incluent généralement :
- Psychothérapie : la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est couramment utilisée pour traiter les troubles dépressifs et bipolaires, car elle aide à changer les schémas de pensée négatifs et à adopter des comportements plus adaptatifs.
- Médication : les antidépresseurs, les stabilisateurs de l’humeur et les antipsychotiques sont souvent prescrits pour gérer les symptômes, notamment lors des épisodes maniaques.
Petite précision : Le psychiatre peut prescrire des médicaments, comme des antidépresseurs ou des stabilisateurs de l’humeur. Le psychologue propose des thérapies cognitives et comportementales (TCC) pour aider à mieux gérer les émotions et à modifier les comportements négatifs.
Le rôle du psychologue, justement : creusons un peu. Ce dernier intervient en accompagnant le patient dans la gestion des symptômes et en travaillant sur les causes émotionnelles et comportementales des troubles de l’humeur. L’objectif est d’aider à retrouver un équilibre émotionnel, à développer des stratégies pour faire face aux situations stressantes, et à prévenir les rechutes. Les résultats de la thérapie incluent souvent une amélioration de la régulation émotionnelle, une réduction des symptômes, et une meilleure qualité de vie.
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