Se lever, se laver, s’alimenter : trois gestes du quotidien, simples en apparence, mais qui deviennent parfois des montagnes à franchir. Ainsi, lorsqu’une personne traverse une dépression, ce “triangle” représente bien plus qu’une routine : c’est le fil ténu qui relie encore à la vie. Explications.

Un quotidien suspendu

Dans la dépression, tout devient lourd. Les pensées, les gestes, même les choix les plus banals.
Le matin, se lever semble inutile, se laver paraît vain, manger paraît absurde. Ces actes deviennent des épreuves physiques et psychiques.
Ce n’est pas de la paresse ni un manque de volonté : c’est le corps et l’esprit qui s’éteignent pour se protéger.

La dépression, en perturbant la motivation, l’énergie et l’estime de soi, coupe le lien entre l’intention et l’action. Ce qui autrefois se faisait sans effort nécessite soudain une mobilisation considérable.

Se lever : le premier combat

Le lit devient souvent le refuge ultime — et paradoxalement, la prison.
Se lever, c’est affronter le monde, la lumière, les obligations, alors que tout en soi demande de rester immobile.
En thérapie, ce moment symbolise le premier pas de résistance. Même un simple passage de la position allongée à assise est déjà une victoire.

Certains thérapeutes parlent d’actes de micro-survie : se lever, c’est dire au corps “je continue”, même si le cœur est encore dans la nuit.

Se laver : renouer avec le corps

La dépression provoque souvent une rupture entre le corps et l’esprit. On ne se sent plus vivant, plus digne d’attention.
Ne plus se laver, c’est parfois un signe de retrait, une forme d’effacement.
Mais se laver, c’est aussi un moyen de se reconnecter à soi : l’eau, la chaleur, le contact de la peau, rappellent doucement que le corps existe encore, qu’il mérite soin.
Ce geste, apparemment simple, est une manière de réintroduire la présence à soi dans un moment d’absence intérieure.

S’alimenter : reprendre soin de soi de l’intérieur

Préparer un repas, se faire à manger, choisir quoi manger… autant de gestes qui demandent de l’énergie, de la planification, de l’envie — trois choses souvent absentes en période dépressive.

Beaucoup de personnes dépressives perdent l’appétit, oublient de manger, ou n’ont plus la force de se préparer quelque chose. D’autres se réfugient dans une alimentation automatique ou chaotique.

S’alimenter devient alors un acte thérapeutique : nourrir le corps pour stabiliser l’esprit, maintenir un minimum vital, rappeler que l’on mérite encore de prendre soin de soi.

Un fruit, un plat réchauffé, un simple bol de soupe… peu importe la forme : chaque prise alimentaire est un pas vers soi.

Un triangle d’humanité

Ces trois gestes forment un triangle minimal de survie psychique. Quand tout semble s’effondrer, s’y tenir devient un ancrage, une structure. Pour certains patients, c’est le seul objectif de la journée — et c’est déjà immense.

En thérapie, ces micro-actes sont célébrés, non comme des banalités, mais comme des signes de résistance. Parce qu’avant de retrouver le goût de vivre, il faut parfois simplement réapprendre à vivre un peu.

En résumé ?

Le “triangle de la dépression” n’est pas une jolie métaphore : c’est une réalité quotidienne, souvent invisible.

Reconnaître la valeur de ces gestes, c’est déjà rompre le jugement, la honte et la culpabilité qui entourent la dépression.

Et parfois, entre le lever, la douche et un repas préparé tant bien que mal, se joue un petit miracle : celui de tenir encore.

Cet article vous interpelle ? Vous vous retrouvez dans ces lignes ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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