The Lost King relate l’histoire vraie de Philippa Langley (Sally Hawkins), une femme atteinte du syndrome de fatigue chronique (ME/CFS), une maladie souvent incomprise ou minimisée par la société. Mise à l’écart, fragilisée, Philippa , un soir assiste à la pièce de Shakespeare Richard III ; fascinée par ce personnage odieux, elle creuse le sujet et découvre une profonde injustice : la réputation de Richard III a été façonnée par la moquerie historique sur son apparence physique, tout comme elle est réduite à sa maladie et ignorée professionnellement.

Ce que met en lumière le film, c’est cette coïncidence psychique entre deux figures blessées — l’une royale, l’autre ordinaire. Philippa y trouve un allié invisible en Richard, dont l’apparition devient pour elle une motivation, un secours contre la solitude et le doute.

Persévérance et résilience face à l’invisibilité sociale

Le film illustre puissamment la notion de résilience : malgré sa condition médicale, Philippa puise dans ses ressources intimes pour initier une quête obstinée, contre les regards sceptiques des historiens et les obstacles institutionnels. Elle veut retrouver la tombe de ce souverain décrié, critiqué, accusé du pire. Parce qu’elle est convaincue que c’est faut, qu’il a été noirci par une propagande politique féroce.

Cette détermination est aussi un combat contre l’invisibilité, particulièrement celle des femmes cinquagénaires dans le monde professionnel. Les efforts de Philippa pour obtenir reconnaissance — tant pour elle que pour Richard — incarnent une lutte pour la légitimité, un besoin de prendre sa place au saine de la communauté malgré les préjugés.

Illusion, hallucination ou incarnation du désir ?

La présence spectrale de Richard III, sous les traits de l’acteur aperçu le soir de la représentation, incarne une forme de régulation psychique pour Philippa. Ce compagnon imaginaire lui donne du courage, trace un lien émotionnel et valide sa vision. Il symbolise aussi la part d’inconscient et de fantaisie nécessaire à la créativité et à l’audace humaine.

Cette dimension magique du film met en lumière ce qui se joue dans les expériences subjectives : autrui peut devenir miroir, guide intérieur, ou allié invisible dans notre propre quête de sens. Dans le film de Frears, cela n’a rien de caricatural, de grotesque ou de malsain. Richard III, petit à petit, prend place dans le quotidien de Philippa, c’est normal, presque logique.

Un film comme un soulagement

Au final, The Lost King ne se limite pas à un récit historique. C’est un portrait psychologique d’une femme que tout le monde pense fragile mais qui se révèle incroyablement motivée, qui transforme sa vulnérabilité en force. Et c’est un témoignage cinématographique précieux sur la manière d’habiter son corps malade, ses frustrations, ses intuitions, et d’en faire, contre vents et marées, un moteur de vérité et de changement.

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