Le manque de sommeil, source de mal-être mental : ce n’est pas la première fois que j’en parle dans mon blog. Mais au fil de mes échanges avec des patients, des connaissances, des proches, j’ai noté que nombre de mes interlocuteurs avaient tendance à assimiler manque de sommeil et insomnie. Or l’insomnie est un trouble spécifique, pas simplement une difficulté passagère à trouver le sommeil. Et ce trouble, qui touche aujourd’hui une grande partie de la population française (15 à 20 % selon une étude de l’INSERM), nécessite un diagnostic et une prise en charge adaptée. Questions : comment savoir si l’on souffre d’insomnie ? Quels sont les types d’insomnie, leurs causes et leurs conséquences ? Et surtout, quelles solutions existent pour retrouver un sommeil de qualité ?

L’insomnie selon le DSM-5

Première étape : cernons le concept avec précision. Pour cela, il convient de consulter le Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-5). Selon ce dernier, l’insomnie est un trouble du sommeil caractérisé par :

  • Une difficulté à s’endormir ou à rester endormi.
  • Un réveil précoce avec une incapacité à se rendormir.
  • Des symptômes présents au moins trois nuits par semaine pendant une durée d’au moins trois mois.
  • Un impact significatif sur la vie quotidienne, provoquant une détresse cliniquement significative ou des troubles fonctionnels (fatigue, troubles de la concentration, irritabilité).

Cette définition permet de distinguer l’insomnie chronique des troubles passagers du sommeil, souvent liés au stress ou à des événements ponctuels. Toujours selon le DSM-5, l’insomnie doit impérativement être différenciée d’autres troubles du sommeil, comme l’apnée du sommeil ou le syndrome des jambes sans repos.

Les différents types d’insomnie

Un trouble spécifique donc, mais qui suppose plusieurs formes, qui varient selon l’origine et les manifestations.

  • Insomnie d’endormissement : elle se caractérise par une difficulté à trouver le sommeil, même lorsque la fatigue est présente. Les personnes concernées peuvent passer de longues heures à chercher le sommeil sans succès.
  • Insomnie de maintien : elle se manifeste par des réveils fréquents au cours de la nuit, avec une difficulté à se rendormir. Ces interruptions de sommeil peuvent entraîner une sensation de fatigue dès le matin.
  • Insomnie de réveil précoce : les personnes souffrant de ce type d’insomnie se réveillent trop tôt le matin et sont incapables de se rendormir, même si leur nuit de sommeil a été trop courte.
  • Insomnie aiguë : Elle est temporaire et souvent liée à un événement stressant, comme un deuil, une rupture, ou un changement important.
  • Insomnie chronique : Elle dure plus de trois mois et peut nécessiter une prise en charge médicale ou psychologique.

Diagnostiquer l’insomnie

Vous l’aurez compris, il importe de ne pas confondre une mauvaise nuit occasionnelle avec une véritable insomnie chronique. Le diagnostic est donc essentiel.

Il repose principalement sur les symptômes déclarés par le patient. Cependant, plusieurs outils peuvent être utilisés pour objectiver les difficultés de sommeil :

  • Journal de sommeil : Le patient note les horaires de coucher, de réveil, et les réveils nocturnes.
  • Actimétrie : Un bracelet connecté permet de mesurer l’activité et les périodes de sommeil.
  • Polysomnographie : Cet examen plus poussé est réalisé en laboratoire du sommeil et permet d’analyser les cycles de sommeil.

Ce genre de diagnostic peut être effectué par différents professionnels de santé, notamment :

  • Les médecins généralistes sont souvent le premier point de contact et peuvent poser un diagnostic initial basé sur les symptômes déclarés par le patient.
  • Les médecins spécialisés en troubles et en pathologie du sommeil (somnologues) vont réaliser des examens approfondis comme la polysomnographie en laboratoire.
  • Les psychiatres peuvent diagnostiquer une insomnie liée à des troubles mentaux, comme l’anxiété ou la dépression, et proposer un traitement adapté.
  • Les psychologues, s‘ils ne peuvent pas poser de diagnostic médical, jouent un rôle clé dans l’évaluation des causes psychologiques de l’insomnie et la mise en place de thérapies comportementales et cognitives.

Il est dans tous les cas recommandé de consulter ces professionnels de santé si les troubles du sommeil persistent au-delà de trois mois ou impactent significativement la vie quotidienne.

Conséquences et causes

C’est que l’insomnie, comme j’ai pu déjà l’évoquer dans d’autres articles, a des répercussions importantes sur la santé physique et mentale. Ces conséquences peuvent s’avérer graves si le trouble persiste.

  • Parmi les conséquences physiques, on notera la fatigue chronique, l’affaiblissement du système immunitaire, les risques accrus de maladies cardiovasculaires.
  • En ce qui concerne les conséquences mentales, on soulignera anxiété et agressivité, dépression, troubles de la concentration, de la mémoire, de l’humeur.

Ajoutons les dommages collatéraux, problèmes relationnels et de couple, dysfonctionnements au niveau du travail, risques d’accidents, tendance à l’isolement.

D’où l’importance d’une prise en charge énergique et globale, car l’insomnie impacte rapidement l’ensemble de la vie du patient.

Et c’est là notamment que les professionnels de santé vont essayer de cerner les causes du problème. Ces dernières peuvent être multiples et variées. On les classe généralement en trois catégories.

  • Facteurs psychologiques : Le stress chronique, les troubles anxieux, la dépression, les troubles obsessionnels sont autant de facteurs pouvant provoquer ou aggraver l’insomnie. Ces troubles psychologiques créent une hyperactivation du cerveau, rendant le processus d’endormissement difficile.
  • Facteurs médicaux : Certaines pathologies peuvent également être à l’origine de troubles du sommeil. Parmi elles, les douleurs chroniques, les troubles hormonaux ou l’apnée du sommeil.
  • Facteurs comportementaux : Les habitudes de vie jouent un rôle crucial dans la qualité du sommeil. Une consommation excessive de caféine, d’alcool ou de tabac peuvent s’avérer des agents perturbateurs puissants, de même l’utilisation d’écrans avant le coucher.

Traiter l’insomnie

Les professionnels de santé consultés vont enquêter pour cerner ces causes. À partir de là, ils vont mettre en place une stratégie de soin. Plusieurs solutions existent pour traiter l’insomnie. Ces traitements peuvent être comportementaux, médicamenteux, ou combiner les deux.

  • Thérapies comportementales et cognitives (TCC) : elles sont reconnues comme le traitement le plus efficace à long terme, car elles permettent d’identifier et modifier les pensées et comportements qui perturbent le sommeil.
  • Traitements médicamenteux : Les hypnotiques peuvent être prescrits à court terme pour aider à retrouver le sommeil ; la mélatonine, une hormone naturelle, est aussi parfois utilisée pour réguler le cycle du sommeil.

Le psychologue interviendra dans le processus de soin à trois niveaux :

  • Évaluer les causes psychologiques de l’insomnie.
  • Proposer des thérapies comportementales et cognitives spécifiques adaptées.
  • Apprendre des techniques de relaxation pour réduire le stress et favoriser l’endormissement.

Résumons : l’insomnie est un trouble aussi spécifique que sérieux, mais il existe des solutions pour retrouver un sommeil réparateur. Consulter un psychologue peut grandement aider à surmonter ces difficultés. Le sommeil est essentiel pour la santé physique et mentale, et il est primordial d’apprendre à le protéger.

Cet article vous interpelle ? Vous vous retrouvez dans ces lignes ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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