Fatigue constante, douleurs inexpliquées, troubles de l’attention, anxiété paralysante : des millions de personnes vivent ainsi avec un handicap qui ne se voit pas, mais qui perturbe profondément leur quotidien scolaire, professionnel, social, affectif, familial. Parce qu’il n’a ni trace physique ni signe extérieur, ce type de handicap, invisible mais réel, est encore trop souvent ignoré, mal compris, voire nié. Il est pourtant source d’une profonde souffrance psychique. Que recouvre exactement cette notion ? Quels en sont les types, les conséquences psychologiques, et le rôle du psychologue dans l’accompagnement des personnes concernées ?
80 % des handicaps sont invisibles
On parle de handicap invisible lorsque les limitations fonctionnelles d’une personne ne sont pas perceptibles au premier regard. Il n’en demeure pas moins qu’ils ont un puissant impact sur la vie quotidienne.
- Contrairement aux handicaps moteurs visibles, les handicaps invisibles n’impliquent pas forcément l’usage d’un fauteuil roulant, d’une canne ou d’un appareillage.
- Ces handicaps peuvent être permanents ou intermittents, physiques, sensoriels, cognitifs ou psychiques.
- Ils peuvent affecter des domaines très divers : concentration, énergie, autonomie, perception sensorielle, communication, endurance…
- Selon le site handicap.agriculture.gouv.fr, 80 % des handicaps sont invisibles. En d’autres termes, il y a probablement dans votre entourage des personnes atteintes d’un handicap invisible dont vous ignorez tout.
Une multiplicité de formes
Il n’existe pas de liste fermée, mais voici quelques exemples courants pour éclairer votre lanterne et vous faire prendre conscience de l’étendue impressionnante de la gamme :
- Maladies chroniques : sclérose en plaques, lupus, diabète, polyarthrite rhumatoïde, endométriose, maladie de Crohn, migraines sévères…
- Douleurs chroniques : fibromyalgie, douleurs neuropathiques, séquelles de traumatismes
- Troubles cognitifs ou neurodéveloppementaux type TDAH
- Troubles psychiques : anxiété généralisée, troubles de l’humeur, bipolarité, schizophrénie, phobies sociales
- Troubles sensoriels : acouphènes, hyperacousie, troubles de la vision ou de l’audition non apparents
- Troubles du spectre de l’autisme (TSA) sans déficience intellectuelle visible.
Quel impact sur la santé mentale ?
Vivre avec un handicap invisible, c’est souvent faire face à une double peine : on doit gérer la souffrance liée au trouble lui-même (douleur, fatigue, isolement…) et l’ignorance, l’incompréhension ou le jugement des autres.
Cela peut engendrer :
- Un sentiment d’injustice ou de culpabilité (« on ne me croit pas », « je ne fais pas assez »)
- Un isolement social avec évitement des autres par peur du rejet ou de l’incompréhension
- Une baisse de l’estime de soi, une perte de confiance dans ses capacités
- Des troubles anxieux ou dépressifs associés
- Une charge mentale accrue pour dissimuler, compenser ou « faire comme si ».
Le rôle du psychologue : écoute, soutien, légitimation
Un psychologue peut jouer un rôle essentiel dans le parcours des personnes concernées par un handicap invisible et cela de différentes manières.
Il va aider à mettre des mots sur le vécu c’est à dire :
- Identifier et nommer ce qui est vécu comme douloureux, épuisant ou injuste
- Valider l’expérience subjective : “Ce que vous vivez est réel”, même si ce n’est pas visible.
Il offre un espace d’expression libre pour :
- Soulager l’isolement psychique
- Accueillir la souffrance liée à l’invisibilité, à la charge mentale, à la solitude
- Travailler sur l’image de soi, souvent abîmée.
Il accompagne l’adaptation en :
- Aidant à mettre en place des stratégies pour préserver son énergie, poser ses limites, aménager son quotidien
- Soutenant le patient dans les démarches administratives ou professionnelles
- Travaillant sur la communication avec l’entourage.
Il favorise une reconstruction identitaire, ce qui implique :
- Se réapproprier son histoire malgré le handicap
- Ne pas se définir uniquement par la maladie ou le trouble
- Redéployer des ressources, des projets, un nouveau rapport à soi.
Les handicaps invisibles interrogent notre société sur ce qu’elle voit… et sur ce qu’elle choisit d’ignorer. Pour les personnes concernées, être entendu, reconnu et soutenu fait toute la différence. La psychologie offre un espace pour réparer les atteintes intérieures, reconnaître la légitimité de sa souffrance et retrouver du pouvoir d’agir dans un quotidien souvent complexe.
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