“Le temps guérit tout.”

On entend souvent cette phrase, glissée comme un baume dans l’oreille des dépressifs ou des personnes terrassées par le deuil ou le burn-out.

Comme si attendre suffisait.
Comme si la douleur s’évaporait d’elle-même.
Comme si les blessures du passé se dissolvaient dans le silence et les années.

Mais non. Le temps, à lui seul, ne guérit rien. Il masque, parfois.
Il endort, souvent. Mais il ne répare pas.

Les traumas ne s’effacent pas : ils s’impriment.

Il est bon de rappeler qu’un traumatisme, ce n’est pas un souvenir désagréable ni une mauvaise passe. mais une rupture dans la continuité de soi. Un choc qui modifie la mémoire, le corps, la façon d’être au monde. Un événement trop intense pour être digéré, trop douloureux pour être intégré.

Le cerveau, pour survivre, range ce qui fait mal dans des petites cases. Mais ce qui est rangé n’est pas traité. Et ce qui n’est pas traité finit toujours par refaire surface : dans les cauchemars, les insomnies, les réactions disproportionnées, les douleurs sans cause apparente.

Le temps seul ne guérit pas : il enfouit.

On croit que les années apaisent. En réalité, elles recouvrent. Sous le vernis du quotidien, la blessure continue d’agir, discrètement. Jusqu’au jour où quelque chose — un mot, une situation, un visage — réactive tout. Et la douleur revient, intacte.

Ce n’est pas une faiblesse. C’est le fonctionnement même du psychisme humain : on ne peut pas effacer, seulement transformer.

Ce qui guérit, c’est le travail intérieur.

C’est la parole, la mise en sens, le regard bienveillant d’un autre.
C’est l’espace thérapeutique qui permet enfin de comprendre, d’élaborer, de déposer ce qui n’a jamais été entendu.
C’est aussi le corps qu’on réapprivoise, le souffle qu’on récupère, le lien qu’on retisse.

Le temps ne guérit pas.
Ce qui guérit, c’est ce qu’on en fait.

Ce n’est pas à vous d’oublier. C’est aux autres d’entendre.

Si vous avez été blessé, traumatisé, brisé, vous n’avez pas à “tourner la page”.
Vous n’avez pas à accélérer votre guérison pour rassurer les autres.
Vous n’avez pas à prétendre que “ça va mieux”.

Votre douleur mérite d’être reconnue.
Votre vécu mérite d’être entendu.
Et vous méritez d’être accompagné.

Parce que non, le temps ne guérit pas tout.
Mais la rencontre, la parole et le soin, eux, peuvent le faire.

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