Procrastination : selon le Larousse, le mot, qui dérive étymologiquement des termes latins “procrastinatio” ou ajournement et “cras” ou demain, désigne le fait de remettre ce qu’on doit faire à plus tard. Un comportement insupportable, diront certains, une mauvaise habitude dont il faut se défaire, diront d’autres. Dans nos sociétés portées sur la productivité et l’excellence, la compétition et la quête de perfection, procrastiner est très mal vu, que ce soit dans le cadre familial, en classe ou au travail. Le problème ? C’est que le procrastinateur, très souvent assimilé au mieux à une personne désorganisée et incapable, au pire à un fainéant assumé, n’y est pas pour grand-chose. Pire, sa procrastination pourrait bien être un signal d’alarme à prendre en compte rapidement et sérieusement.

Nous procrastinons tous !

“Moi, procrastiner ? Certainement pas ! “ Et pourtant ! Selon une enquête menée en 2019 par le site Jechange.fr et l’institut d’études Odoxa à l’occasion du 25 mars, journée de la procrastination (eh oui, il existe une journée de la procrastination, initiée en 2010 par David d’Equainville, créateur de la maison d’édition Anabet, afin de dédramatiser la procrastination, c’est dire l’ampleur du phénomène et son impact au niveau individuel et social), 9 français sur 10 procrastinent, soit 85% de la population. Premiers secteurs touchés : l’activité sportive, les tâches ménagères et les rendez-vous médicaux ! 

Au travail ? Ils ne seraient que 24% à remettre à demain les dossiers à boucler. Si 35% vivent très bien la situation, 65% du panel interrogé considèrent la chose d’un mauvais œil, vivant très mal cette tendance. Ces chiffres datent de 2019, au début de la pandémie. Depuis, les confinements, le télétravail sont passés par là, qui ont dû impacter les résultats. Précisons cependant que ce penchant pour la procrastination, qui touche tous les sexes et tous les âges confondus, va croissant depuis les 40 dernières années, selon Diane Ballonad Rolland, auteure du très intéressant J’arrête de procrastiner, 21 jours pour arrêter de tout remettre au lendemain.

Quelles sont les causes de la procrastination ?

D’après cet ouvrage, la procrastination aurait augmenté de 300 à 400 % sur les quatre dernières décennies. Principale cause de cette explosion ? L’avènement des nouvelles technologies, sources constantes de distraction. Avec l’usage en continu des smartphones, les réseaux sociaux viennent maintenant nous détourner de nos tâches au fil de la journée. Mais la perte de concentration, le temps d’attention réduit n’expliquent pas tout. Procrastiner, c’est surtout avoir peur de concrétiser une tâche, d’achever quelque chose. Peur de passer à l’action et de se tromper… ou de réussir. Il s’agit en tout cas d’être dans l’inertie, parce qu’on craint l’échec, la difficulté. 

Alimentée par un excès de perfectionnisme, la procrastination peut aussi intervenir quand nos objectifs manquent de précision, qu’on ne sait pas où on veut aller, qu’on est dans une période de sa vie un peu trouble. Dans le cadre de l’entreprise ou de l’enseignement, procrastiner peut découler d’une absence de récompense et de reconnaissance de sa valeur, de son travail. Cela peut aussi résulter d’un planning mal géré, car surchargé. Dans tous les cas, cette situation va créer au fil du temps et des reports un sentiment de dépassement, de malaise, d’anxiété. Le stress et la culpabilité s’enracinent, de même le manque de confiance et d’estime de soi, l’épuisement, la déprime, voire la dépression. En résumé, la procrastination, si elle est un choix assumé pour certains qui fonctionnent très bien ainsi, peut s’avérer un véritable cercle vicieux et un symptôme de mal être psychologique à ne pas négliger chez d’autres.

Comment échapper à la procrastination ?

Il existe bien sûr des parades à mettre en place pour casser cette spirale, échapper à la procrastination et renouer avec l’efficacité.

  • Avoir des objectifs clairement définis, qu’il s’agisse de son travail, de ses projets
  • Déterminer un plan d’action spécifique pour atteindre ses objectifs.
  • S’aider avec les méthodes d’organisation type SMART, ABCDE, POMODORO, Kanban
  • Etablir une to-do list précise, un planning d’action réaliste
  • Faciliter la concentration (lieu de travail calme, bureau rangé, notifications suspendues, smartphone hors d’atteinte…)
  • Préserver des pauses, des temps de repos pour se ressourcer
  • S’octroyer des récompenses, se féliciter du travail accompli, en tirer de la fierté.

Plus globalement, il convient, et c’est une évidence, d’identifier le processus de procrastination, reconnaître qu’on est dans cette logique et comprendre ce qu’implique ce comportement. 

  • Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais d’admettre le phénomène puis d’en mesurer les effets. Est-ce juste passager ou bien récurrent ? Est-ce une source de malaise, d’inquiétude, de stress ? 
  • Il convient par ailleurs de questionner les causes potentielles de ce comportement : pourquoi vouloir tout remettre au lendemain ? Qu’est-ce qui vous y contraint ? Comment l’expliquez-vous ?
  • Si cette procrastination récurrente est l’effet d’une surcharge de missions, il va falloir apprendre à dire “non” pour éviter d’être noyé sous le travail et de devoir tenir des échéances totalement fantaisistes. Cela implique de ne pas agir dans l’urgence, pour complaire à son entourage, ses collègues ou ses supérieurs. 

Vous êtes sujet à la procrastination et cela perturbe votre vie professionnelle et personnelle ? Tout remettre au lendemain est devenu une habitude et vous le vivez mal ? Cela vous angoisse profondément, génère de l’anxiété et de la culpabilité ? Il est peut-être temps d’y voir plus clair en échangeant sur le sujet avec un psychologue spécialisé, qui saura vous aider à identifier ce mécanisme et à y remédier.

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