Le burn-out, j’en parle souvent dans mes articles. De quoi il s’agit, comment on le détecte, comment on le soigne… Mais en relisant tous ces textes, je me suis fait la réflexion que je parle toujours du burn-out une fois qu’il est là. Or, c’est oublier un fait essentiel : avant d’en arriver au point de non retour, le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel s’installe progressivement. Il est donc détectable en amont, à travers une accumulation de signaux d’alarme que beaucoup ignorent ou minimisent. Par peur, par honte, par manque de temps ou par déni, les personnes concernées n’osent pas consulter AVANT l’effondrement total. J’ai donc voulu consacrer un article à cette question de la détection/prévention avec pour objectif de vous sensibiliser, chers lecteurs, aux signes avant-coureurs de burn-out et d’encourager une consultation précoce pour éviter une crise majeure.
Le burn-out, tout dans l’intensité et la durée
Avant tout, un petit rappel : le burn-out est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental provoqué par un stress chronique au travail. Il se distingue du simple stress passager par son intensité et sa durée, ainsi que par les conséquences graves qu’il peut avoir sur la santé mentale et physique.
Le terme a été popularisé dans les années 1970 par le psychologue Herbert Freudenberger, qui l’a défini comme un état d’épuisement extrême chez les professionnels confrontés à une forte pression. Aujourd’hui, le burn-out est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme un phénomène lié au travail, bien qu’il puisse toucher d’autres sphères de la vie.
Les conséquences du burn-out peuvent inclure :
- Une dépression sévère
- Des troubles anxieux
- Des problèmes cardiovasculaires
- Une incapacité temporaire ou permanente à travailler.
Prévenir le burn-out s’impose donc comme une obligation, sachant qu’environ 12 % de la population active hexagonale serait concernée selon une étude du cabinet Technologia citée par Ouest France. Il y a donc urgence à détecter les signes précurseurs de ce syndrome pour intervenir au plus vite à titre préventif.
Comment repérer le danger ?
En effet, et comme je le disais déjà plus haut, le burn-out ne frappe pas sans avertir. De nombreux signaux d’alarme peuvent apparaître bien avant l’effondrement total. Voici les principaux indicateurs qui doivent vous alerter :
Signes physiques
- Fatigue chronique, même après une nuit de sommeil
- Troubles du sommeil (insomnie, réveils nocturnes, sommeil non réparateur)
- Maux de tête récurrents
- Douleurs musculaires ou tensions inexpliquées
- Problèmes digestifs.
Signes émotionnels
- Irritabilité accrue
- Sensation de vide ou d’impuissance
- Perte de motivation et d’intérêt pour les activités professionnelles ou personnelles
- Sentiment de détachement ou d’isolement
- Larmes faciles, crises de pleurs.
Signes cognitifs
- Difficulté à se concentrer
- Perte de mémoire
- Ruminations et pensées négatives récurrentes
- Incapacité à prendre des décisions.
Signes comportementaux
- Augmentation des heures de travail sans pause
- Prises de risques inconsidérées
- Consommation accrue de substances (alcool, tabac, médicaments)
- Évitement des interactions sociales
- Procrastination ou baisse drastique de la productivité.
Ces signaux, pris individuellement, peuvent sembler anodins. Mais leur accumulation doit pousser à consulter un professionnel de santé pour faire le point et prendre des mesures adaptées.
Pourquoi ne consulte-t-on pas avant l’effondrement ?
Impensable ? C’est pourtant ce qu’on fait quand on présente des symptomes de grippe ou autres. Mais dans le cas du burn-out, il semble qu’on soit dans le déni. Malgré la présence des signes évoqués précédemment, beaucoup de personnes ne consultent le psychologue ou le médecin qu’une fois au bord du gouffre (voire carrément au fond). Pourquoi ? Plusieurs raisons expliquent ce délai dangereux :
La honte
Le burn-out est encore perçu comme une faiblesse. Certaines personnes n’osent pas admettre qu’elles ne peuvent plus faire face aux exigences de leur travail, par peur d’être jugées.
Le déni
Beaucoup refusent de croire qu’ils sont en train de craquer. Ils minimisent les signaux d’alarme, pensant que c’est temporaire, que cela va passer.
Le manque de temps
Les personnes en risque de burn-out sont souvent surchargées et considèrent qu’elles n’ont pas le temps de prendre soin d’elles.
La culpabilité
Certaines personnes se sentent coupables à l’idée de ralentir ou de demander de l’aide, pensant qu’elles doivent continuer à tout prix.
La peur
Si on en parle de plus en plus, le burn-out demeure cependant méconnu et surtout dénigré dans certains milieux des RH. Admettre qu’on souffre d’un burn-out, c’est redouter de perdre son travail. Dans un climat de crise économique aigue, révéler qu’on est atteint d’épuisement professionnel peut conduire au chômage et cela est angoissant.
Comment agir avant qu’il ne soit trop tard ?
Raison de plus donc pour agir avant la catastrophe. Car on ne se remet jamais pleinement d’un burn-out. Il est donc préférable d’intervenir pour endiguer la marche à l’effondrement. Cela passe par plusieurs étapes.
- Reconnaître les signes précurseurs : La première étape est d’être attentif aux signaux d’alarme et d’accepter qu’ils peuvent indiquer un risque de burn-out.
- Oser demander de l’aide : Consulter un psychologue avant l’effondrement permet de prévenir les conséquences graves du burn-out. Il est important de comprendre que demander de l’aide n’est pas un signe de faiblesse, mais de force.
- Apprendre à dire non : Poser des limites est crucial pour éviter de se surcharger ; il va donc falloir déléguer, refuser des missions supplémentaires.
- Prendre des pauses régulières : lutter contre le burn-out implique de ralentir le rythme, d’intégrer des moments de pause dans son quotidien aide à prévenir l’épuisement.
- Améliorer son hygiène de vie : Une alimentation équilibrée, un sommeil réparateur et une activité physique régulière sont essentiels pour prévenir le burn-out.
Psychologue et prévention du burn-out
Lus facile à dire qu’à faire, me direz-vous. C’est là qu’intervient le psychologue. Ce dernier peut vous aider à prévenir le burn-out de différentes façons.
- L’évaluation du niveau de risque : Il va utiliser des questionnaires standardisés et scientifiquement validés, tels que l’Inventaire de Burnout de Maslach (MBI) ou le Shirom-Melamed Burnout Measure (SMBM), pour évaluer précisément votre niveau de stress, d’épuisement émotionnel et de détachement vis-à-vis de votre travail. Ces outils permettent de détecter si vous êtes dans une phase préliminaire de burn-out ou si d’autres facteurs, comme une dépression, sont en jeu.
- Identification des facteurs déclencheurs : En discutant avec vous de votre quotidien, de vos responsabilités et de vos sources de stress, le psychologue peut vous aider à identifier les facteurs déclencheurs spécifiques de votre situation. Cette prise de conscience est essentielle pour agir sur les causes profondes et non seulement sur les symptômes.
- Mise en place de stratégies de gestion du stress : Le psychologue va par ailleurs vous guider pour développer des techniques de gestion du stress adaptées, comme des exercices de relaxation, des techniques de pleine conscience (mindfulness) ou des outils cognitifs pour recadrer vos pensées négatives. Il peut également vous accompagner dans l’apprentissage de la communication assertive, afin de vous aider à poser des limites au travail et dans votre vie personnelle.
- Suivi personnalisé : Contrairement à des conseils génériques, un psychologue vous propose un accompagnement sur-mesure, en tenant compte de vos besoins, de vos objectifs et de votre contexte professionnel ou personnel. En cas de troubles associés (dépression, anxiété sévère), le psychologue peut travailler en collaboration avec un médecin généraliste ou un psychiatre pour adapter votre prise en charge.
Résumons : le burn-out n’est pas une fatalité. En reconnaissant les signaux d’alarme et en osant demander de l’aide, il est possible de prévenir cet état d’épuisement extrême. Consulter un psychologue avant que la situation ne devienne critique est une démarche courageuse qui peut faire toute la différence. N’attendez pas l’effondrement : agissez aujourd’hui pour votre bien-être de demain.
Cet article vous interpelle ? Vous vous retrouvez dans ces lignes ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.