Superviseur : un atout de poids dans la pratique du psychologue

Aujourd’hui, j’aimerais évoquer avec vous les dessous du métier de psychologue et plus spécifiquement le rôle du superviseur. Superviseur ? Le terme peut faire peur, qui évoque un regard scrutateur de juge, un climat de surveillance et de réprimande, voire une atmosphère de contrôle. Pourtant, le recours au superviseur est essentiel dans la pratique quotidienne du psychologue, et cela pour différentes raisons.

Supervision : définition et objectifs

La supervision ? Une petite définition s’impose. En psychologie, la supervision désigne le processus par lequel un psychologue ou un thérapeute reçoit des conseils et le soutien d’un professionnel plus expérimenté.

Les objectifs sont multiples :

• assurer la qualité des soins prodigués aux patients en apportant un regard différent sur les situations rencontrées, les solutions proposées ;
• encourager la réflexion critique et l’analyse des cas cliniques, afin de mieux comprendre et traiter les problèmes des patients ;
• enrichir les compétences cliniques et professionnelles du supervisé, l’aider à identifier ses forces et ses faiblesses ;
• s’assurer du respect des normes professionnelles, apporter un conseil dans la résolution des dilemmes éthiques ;
• fournir un espace d’écoute et d’échange sûr afin que le supervisé puisse discuter de ses propres réactions émotionnelles et des défis rencontrés dans son travail.

La supervision constitue donc une composante essentielle du parcours du psychologue, une sorte de miroir sur sa pratique.

Un peu d’histoire ?

La supervision n’est pas une nouveauté. Elle apparaît même parmi les fondamentaux de la discipline.

• Sigmund Freud est souvent considéré comme l’un des pionniers de la supervision clinique, en particulier dans le cadre de la formation psychanalytique. Il supervisait ses disciples et collègues dans leurs travaux afin d’assurer la fidélité à ses théories et méthodes.
• Les instituts de formation psychanalytique ont par la suite formalisé la supervision comme une composante essentielle de la formation des analystes. Ainsi, l’Institut psychanalytique de Berlin, fondé en 1920, a mis en place des programmes de supervision structurés pour les analystes en formation.
• Considéré comme le fondateur de la psychologie clinique, Witmer a créé la première clinique de psychologie en 1896 à l’Université de Pennsylvanie. La supervision formelle telle que nous la connaissons aujourd’hui n’était alors pas encore en place, mais l’approche de Witmer a posé les bases pour le développement ultérieur de la supervision.
• Carl Rogers, un des fondateurs de l’approche humaniste en psychologie, a mis l’accent sur la supervision et la formation des conseillers dans ses travaux. Il a notamment souligné l’importance de l’auto-réflexion et de la supervision pour le développement des compétences thérapeutiques.
• Avec l’expansion des programmes de formation en psychologie clinique, la supervision est devenue une exigence formelle pour l’accréditation des programmes. Les associations professionnelles telles que l’American Psychological Association (APA) et le British Psychological Society (BPS) ont établi des normes et des directives pour la supervision.

En quoi consiste une séance de supervision ?

Tout ça, c’est pour la petite histoire, mais concrètement de quoi s’agit-il ? Le mieux est de passer au crible le déroulement d’une séance de supervision. Sa dynamique se concentrera sur plusieurs points cruciaux.

• La révision des cas cliniques

Le supervisé présente des cas cliniques au superviseur pour discussion et analyse. Cela inclut l’examen des dossiers, des notes de séance et des enregistrements (audio ou vidéo) des séances de thérapie. Le superviseur apporte des retours constructifs sur la manière dont les cas sont gérés, propose des techniques alternatives.

• Le développement des compétences

Le superviseur propose le recours à différentes techniques et approches thérapeutiques adaptées aux besoins des clients. Il aide le supervisé à développer des compétences telles que l’empathie, l’écoute active et la gestion des dynamiques de relation thérapeutique.

• Le support émotionnel et personnel

Le superviseur aide à identifier et à gérer le stress du supervisé, offre un espace pour discuter des défis personnels et émotionnels liés au travail clinique. Il encourage la réflexivité, la prise de conscience de ses propres biais et de l’impact de ceux-ci sur la pratique clinique.

• Formation éthique et professionnelle

Le superviseur peut amener le supervisé à s’interroger sur son éthique et sa déontologie. Il apporte son expertise sur d’éventuels dilemmes éthiques auxquels le supervisé peut être confronté dans sa pratique.

Si elle permet au psychologue supervisé d’améliorer sa pratique, la supervision s’avère par ailleurs une composante essentielle du suivi psychologique des patients car elle assure la qualité et la justesse des soins, évite d’éventuelles erreurs dans la prise en charge, garantit une pratique éthique et légale.

Qu’est-ce qui fait un bon psychologue superviseur ?

L’enjeu est donc de sélectionner un psychologue superviseur de qualité capable d’apporter un regard à la fois complet, pertinent et innovant. Voici quelques critères importants à considérer lors de cette sélection.

• Qualifications et expérience

Il faut vérifier que le superviseur possède les qualifications académiques nécessaires (doctorat ou master en psychologie). Il doit une expérience clinique significative, idéalement dans l’orientation théorique que le supervisé, ou dans une orientation complémentaire : par exemple un supervisé pratiquant les TCC peut choisir un superviseur spécialisé dans cette méthode ou être accompagné par un psychologue d’orientation psychanalytique. En effet, les besoins en TCC peuvent être comblés par un suivi en intervision. Un bon superviseur doit de toute façon être flexible, ouvert à différentes approches, pour ainsi aider le supervisé à développer son propre style thérapeutique.

Attention : certaines régions ou pays offrent des certifications spécifiques pour les superviseurs. Il faut donc s’assurer que le superviseur choisi dispose de ces certifications si elles existent.

• Style de Supervision

Il convient de s’informer sur les méthodes utilisées par le superviseur (analyse de cas, observation directe, enregistrements audio/vidéo des séances). Il faut aussi déterminer la fréquence et la durée des séances pour s’assurer qu’elles répondent aux besoins du supervisé.

• Compatibilité personnelle et relationnelle

La relation entre le superviseur et le supervisé doit être fondée sur la confiance, le respect mutuel et la sécurité émotionnelle. La qualité de la communication est primordiale : le supervisé doit se sentir à l’aise et compris.

• Recommandations

Il ne faut guère hésiter à demander conseil auprès d’autres professionnels de la santé mentale pour s’enquérir de la réputation des potentiels superviseurs. Recommandations, références permettront d’y voir plus clair.

• Conditions financières

Il faudra aussi discuter du coût des séances de supervision, s’assurer qu’ils sont en adéquation avec le budget du supervisé, clarifier les modalités de paiement et les politiques d’annulation.

Attention :

– En moyenne, une supervision coûte entre 60 et 150 euros pour des séances allant de 45 minutes à 2 heures.

– Il est difficile de s’en passer, la supervision doit être intégrée dans les charges fixes d’un cabinet de psychologue, on ne peut travailler sans cet investissement.

– Il est possible de participer à des séances de supervision en groupe, ce qui permet d’amoindrir les coûts (40 euros par personne en moyenne) et parfois de se sentir plus à l’aise.

Pour conclure, la sélection d’un psychologue superviseur doit prendre en compte les qualifications professionnelles, l’expérience clinique, la compatibilité théorique et personnelle, et les aspects pratiques tels que la disponibilité et les coûts. Prendre le temps d’évaluer ces critères permettra de sélectionner le superviseur adéquat.