Sourires éclatants, joie intense, cris de bonheur, l’exultation des athlètes de haut niveau quand ils viennent de décrocher une victoire, une médaille, une place sur le podium en dit long sur leur implication totale dans leur pratique sportive. Un exemple à suivre, dit-on, une leçon de vie dont il faudrait s’inspirer. Sauf pour aboutir à cette joie d’un instant, il a souvent fallu un long cheminement de souffrance physique et mentale, avec à la clé épuisement émotionnel, burn-out, dépression. Explications.

Santé mentale des athlètes : la fin d’un tabou

Les déficiences de la santé mentale ? De longue date, un sujet tabou dans l’univers du sport de compétition. Symbole de force, personnification du demi-dieu capable de repousser les limites de son corps par la force de sa volonté, l’athlète n’a par définition pas le droit à la faiblesse. Endurant, constant, rigoureux, il est l’émanation même de la réussite. Autant dire qu’il ne peut avoir de faiblesses, surtout pas mentales. Un leurre : avec l’avènement du digital et des réseaux sociaux, la parole se délie.

Des stars du sport, toutes disciplines confondues, font tomber le masque. La gymnaste Simone Biles, le judoka Teddy Rinner, le surfer Jérémy Flores, on ne compte plus les sportifs de haut niveau qui évoquent passages à vide, détresses psychologiques, burn-out, pensées suicidaires, annonçant au passage leur mise en retrait passagère ou définitive. « Le premier symptôme, c’est le dégoût de son sport », confesse la skieuse et championne olympique Perrine Laffont dans un article de 20 Minutes, terrassée par la dépression malgré ses nombreuses médailles. 

Les signaux d’alarme

Suivent les signes classiques d’une santé mentale impactée : baisses de performances, troubles du sommeil, de l’alimentation, de l’humeur, isolement progressif, fatigue constante, anxiété accrue qui peut se traduire par des crises d’angoisse en amont des compétitions. Près d’un athlète sur trois présenterait des symptômes de ce type, symptômes exacerbés par la pression intense de la compétition, les exigences de résultats de la part des familles, des entraîneurs, des dirigeants de club et autres politiques.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, cités notamment par le site informations.handicap.fr qui évoque les points abordés durant la conférence « Médecine des sports olympiques », organisée par l’Académie de médecine le 19 juin 2024 :

« Selon les données publiées par le groupe de travail sur la santé mentale du Comité international olympique en 2019, cette altération de la santé mentale se manifeste principalement par des troubles du sommeil (entre 49 et 64 % des athlètes touchés), dépressifs, anxieux et apparentés (entre 4 et 15 %), du comportement alimentaire qui touchent majoritairement les femmes (entre 6 et 45 %, contre 0 à 19 % pour les hommes) et les sports à catégorie de poids, d’endurance ou « artistiques », ou encore une consommation de substances (alcool entre 7 et 10 %, cannabis…) ».

Une fragilisation constante

Les sportifs sont notamment fragilisés en début et en fin de carrière, quand ils sont physiquement blessés, en cas de contre-performance ou de surentraînement : « L’athlète s’entraîne plus de cinq à sept fois par semaine, fait état d’une fatigue persistante depuis plus d’un mois, d’une baisse de performance supérieure à 10 % ou encore d’une réduction du volume d’entraînement supérieure à 20 %, sans maladie qui pourrait expliquer ses symptômes ».

Sacrifices personnels importants, vie intime déséquilibrée par les impératifs professionnels, pression des médias, des sponsors et des partenaires pour certains, quête perpétuelle de financement pour d’autres (certaines disciplines étant plus confidentielles, les sportifs doivent financer eux-mêmes des entraînements souvent coûteux), sans compter la peur omniprésente de la blessure fatale : ce choix de carrière porte une charge mentale conséquente et qu’il ne faut pas négliger. L’intégrité physique et psychique des athlètes est ici en jeu avec des conséquences trop souvent dramatiques.

L’apport du psychologue sportif

Il est donc vital :

  • d’être en capacité d’identifier ces risques pour réagir à temps et épauler le sportif en détresse.
  • d’anticiper ces risques afin de mettre en place des stratégies de soutien efficaces pour protéger la santé des athlètes.

C’est ici qu’intervient le psychologue sportif. Son rôle est d’optimiser la performance tout en préservant le bien-être mental des athlètes.

  • Il travaille avec les athlètes tout au long de leur préparation pour les compétitions afin de les aider à développer des techniques de gestion du stress, à renforcer leur motivation, et à améliorer leur concentration et leur confiance en eux.
  • Il est présent pendant les compétitions pour offrir un soutien immédiat en cas de stress ou d’anxiété, gérant ainsi la pression de la performance tout en maintenant un état d’esprit positif. Il peut aussi accompagner un sportif en contre-performance pour lui permettre de cerner les blocages et mettre en place les stratégies permettant de les contourner.
  • Il intervient également pour accompagner les athlètes blessés afin qu’ils surmontent la peur d’un nouvel accident, qu’ils demeurent impliqués pendant les périodes de réhabilitation et de rééducation, qu’ils reconstruisent leur confiance pour retourner en compétition.
  • Il peut aussi conseiller et encadrer une sortie de carrière, passage particulièrement délicat pour des athlètes habitués à un rythme soutenu et à des exigences au quotidien.

Ses missions sont variées :

  • Réaliser des évaluations pour comprendre les besoins spécifiques des athlètes, ce qui inclut entretiens, tests, questionnaires et observations afin d’identifier les facteurs de stress et les domaines nécessitant une intervention.
  • Proposer des techniques de gestion du stress, de relaxation, de visualisation, et d’entraînement mental adaptées aux situations et aux profils des sportifs en demande.
  • Offrir un soutien émotionnel aux athlètes, en cas de crise ou sur le long terme, pour gérer les situations difficiles, les déceptions, les défis personnels, leur proposer un espace sûr où ils peuvent évoquer librement et sans jugement leurs préoccupations et leurs émotions.

Son travail implique une collaboration avec les entraîneurs, les kinésithérapeutes, l’ensemble des membres de l’équipe sportive ; le but est d’assurer une approche holistique de la préparation et du bien-être des athlètes. Il participe donc aux réunions de l’équipe, fournit des conseils sur la dynamique de groupe et la communication, développe des programmes de gestion du stress, d’accès à des soins de santé mentale, une planification d’entraînement qui équilibre l’intensité et le repos.

Cet article vous interpelle ? Vous vous retrouvez dans ces lignes ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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