Septembre, sa rentrée des classes, le retour au bureau, la reprise des activités quotidiennes avec son lot de soucis/prises de tête/tâches qui s’empilent : dysfonctionnements et j’en passe. Grosse charge mentale en perspective, doublée d’un stress croissant devant l’ampleur d’une to-do list qui ne cesse de s’allonger. Et en toile de fond, l’éternelle problématique : comment faire pour optimiser le temps ? Dans l’armada d’outils disponibles, la méthode 80/20 pourrait bien s’imposer comme un incontournable tant elle aide à changer, à soulager le quotidien… pour peu qu’on sache la mettre en application correctement. Explications.
Le principe de Pareto
La méthode 20/80, mais encore ? Cette appellation très managériale dans l’esprit est en fait dérivée du principe de Pareto. Ce dernier tire son nom de l’économiste italien Vilfredo Pareto qui, au début du XXe siècle, a mené de fort pertinentes observations : 80 % des terres en Italie étaient alors détenues par 20 % de la population ; ce constat l’a conduit à développer une loi empirique indiquant que, dans de nombreux phénomènes, environ 80 % des effets sont produits par 20 % des causes.
D’où l’idée de la méthode 80/20, qui va investir des domaines aussi différents que l’économie, la gestion de projets, le marketing, la vie quotidienne. OK, mais qu’est-ce que cela donne concrètement ?
- En entreprise, on observe souvent que 20 % des produits représentent 80 % des ventes. Cela permet aux gestionnaires de concentrer leurs efforts sur ces produits majeurs.
- En général, 80 % des plaintes proviennent de 20 % des clients. Il est donc judicieux de prêter une attention particulière à ce petit groupe de clients pour améliorer globalement la satisfaction.
- 20 % des tâches sur une liste de choses à faire peuvent fréquemment représenter 80 % de la valeur totale de cette liste. Identifier et se concentrer sur ces tâches peut augmenter l’efficacité.
La méthode 80/20 : un état d’esprit
J’étais sûr que ce dernier point allait accrocher votre attention. Eh oui, la méthode 80/20 permet de réduire drastiquement sa charge mentale en se concentrant sur les actions qui ont le plus grand impact. Cela se fait en trois temps :
- Priorisation : Identifiez les tâches, clients ou produits qui ont le plus grand impact et concentrez-vous dessus.
- Optimisation : Utilisez cette analyse pour allouer les ressources de manière plus efficace.
- Amélioration continue : Réévaluez régulièrement pour ajuster votre focus en fonction des résultats observés.
Une de mes patientes a assimilé l’outil d’une manière redoutable. Elle résume la chose comme suit : « 20 % de boulot, 80 % de résultats ». Une synthèse particulièrement limpide. En faire peu pour obtenir un résultat important. Ce qui implique un changement d’état d’esprit conséquent. Pour parvenir à cette vision des choses, il faut laisser de côté certaines « valeurs » inculquées depuis l’enfance et qui s’avèrent aussi trompeuses que castratrices. Quelques exemples :
- No pain, no gain, que je traduirai par « pas de travail dans la souffrance, pas de résultat. »
- Plus on travaille, plus on est reconnu.
- Il faut se plier en quatre pour avancer dans la vie.
- Il faut atteindre la perfection…
et autres maximes qui s’avèrent au finish extrêmement contre-productives et vous conduisent tout droit à l’autoflagellation mentale et au burn-out. STOP !
Comment appliquer la méthode 80/20
Je reviens à ma patiente. C’est une indépendante spécialisée dans la communication digitale. Pour mettre la méthode 80/20 en application, elle est passée par plusieurs stades que je vais détailler.
Identifier les sources de stress principales
- Analyse de la journée : Elle a pris le temps d’analyser le déroulé de ses journées, l’organisation de son planning pour identifier les tâches, situations, ou relations qui causaient le plus de stress ou de charge mentale.
- Journal de bord : Elle a tenu un journal pendant quelques jours pour noter chaque situation stressante. Cela lui a permis de mettre en évidence des éléments communs, des schémas récurrents.
Se concentrer sur les solutions à fort impact
- Priorisation des actions : Ces sources de stress identifiées, elle a réfléchi aux solutions les plus efficaces à adopter, aux réflexes à abandonner. Par exemple, elle a décidé de régler un problème majeur par jour plutôt que d’enchaîner les gros dossiers sur une seule session de travail. Elle a aussi automatisé plusieurs tâches.
- Élimination des tâches inutiles : Elle a sélectionné les actions inutiles, a fluidifié ses process en supprimant certaines pseudo-contraintes qui n’en étaient finalement pas.
Renforcer sa santé mentale
- Pratiques régulières de bien-être : Elle a allégé son temps d’écran, ferme son ordinateur à 19h tous les jours, prend une pause déjeuner conséquente, va marcher 1/2 heure. Cela permet de réduire son stress, d’aérer son esprit.
- Création d’un environnement apaisant : Elle a aménagé son espace de travail (elle travaille chez elle) de telle sorte que tout soit à portée de main, protégé de la poussière (donc moins de nettoyage) et dans la lumière naturelle (ce qui évite de recourir aux lampes électriques).
Apprendre à dire non
- Savoir dire non : Elle a appris à refuser certains dossiers ou clients qui lui semblent complexes à gérer, dont elle pressent qu’ils vont devenir chronophages et anxiogènes. Le gain en énergie et en stabilité est conséquent.
- Délégation : Quand elle est submergée, elle délègue certaines tâches à des partenaires, cela afin de réduire la pression.
Méthode 80/20 : une hygiène mentale
Plus qu’un mode d’organisation, la méthode 80/20 est une hygiène mentale qui implique de revoir la perception qu’on a de soi-même. Adopter cette approche, c’est faire acte d’estime de soi, réinvestir dans la confiance qu’on a dans ses capacités, ses savoir-faire, ses compétences, son efficacité. C’est aussi comprendre qu’il n’y a pas besoin de se tuer au travail pour accomplir convenablement ses missions.
Mais cela demande un gros travail d’introspection, surtout quand on souffre d’un manque d’estime de soi, qu’on est atteint du syndrome de l’imposteur ou de la superwoman, qu’on a subi un burn-out. La méthode du 80/20, pour être performante, exige qu’on se confronte à ses schémas de comportements, qu’on analyse et comprenne les fonctionnements toxiques, leurs origines, leurs impacts, qu’on développe ensuite des techniques d’affirmation de soi.
Déconnexion numérique, équilibrage vie privée/vie professionnelle, cela n’est envisageable que si on a travaillé en amont sur les racines du problème. Difficile de privilégier son bien-être personnel quand on pense ne pas y avoir droit, qu’on ne sait pas exactement de quoi il s’agit, qu’on le confond avec paresse, incompétence et/ou égoïsme. Il va donc falloir développer une hygiène mentale fondée sur des bases saines et stables, c’est-à-dire :
- identifier vos besoins et vos limites, et les ériger en barrière avec laquelle ne pas transiger ;
- cerner les influences négatives et les écarter (en d’autres termes, cibler les profils toxiques qui vous déstabilisent et les mettre à distance)
- adopter un discours positif sur soi-même (se remémorer ses succès, ses points forts, ses valeurs).
Attention :
- La méthode 80/20 ne se met pas en place sur un claquement de doigt, elle demande du temps, s’améliore au fur et à mesure de vos questionnements, de vos prises de conscience. C’est de fait un excellent révélateur de vos progrès psychiques. Commencez par l’appliquer dans les situations où vous êtes le plus à l’aise, puis étendez-la progressivement à d’autres contextes.
- Le maître mot est ajustement : la vie n’étant pas un long fleuve tranquille, soyez prêt à adapter vos priorités et à reconnaître que vos besoins peuvent évoluer avec le temps. Ce qui est efficace aujourd’hui ne le sera peut-être pas demain.
Résumons : avec la méthode 80/20, vous allez pour sûr concentrer vos efforts sur les actions et les attitudes qui ont le plus grand impact sur votre travail, votre existence quotidienne, votre santé mentale. Objectif : éliminer ou réduire les éléments qui sapent votre énergie en augmentant votre charge mentale. Cette méthode est un cercle vertueux : plus vous améliorez votre perception de vous-même, plus elle fonctionne ; plus elle fonctionne, plus votre estime de vous-même se consolide de manière durable.
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