Du 10 au 23 octobre 2022 a eu lieu la 33e édition des Semaines d’information sur la santé mentale. La thématique de cette année portait sur la manière dont notre environnement influe sur notre état mental. Par environnement, on entend bien sûr l’environnement naturel, la planète, mais aussi le logement dans lequel on vit et sa proximité. Cela peut sembler étonnant à l’heure d’une éco-anxiété généralisée. Pourtant, ce questionnement sur l’impact psychologique du lieu de vie est tout à fait légitime et devrait entrer en ligne de compte dans le cadre thérapeutique. Explications.

Trouver un logement : une source de stress

Avant toute chose, je reprends ces chiffres que j’ai cités sur Instagram. Selon une enquête Cogedim/opinionway réalisée en Occitanie et relayée par le journal Le Midi Libre :

  • 8 personnes interrogées sur 10 font le lien entre habitat et santé mentale ;
  • 80 % des personnes interrogées pensent que la qualité du logement joue sur leur bien-être général ;
  • 71 % des personnes interrogées pensent que la qualité du logement influe sur le stress.

Des statistiques qui parlent d’elles-mêmes. Avant d’affirmer l’appartenance à un statut social, de symboliser une réussite, avoir un toit constitue une base, un socle de sécurité et un facteur d’intégration. Cela répond aux besoins physiologiques et sécuritaires qui constituent les deux premiers étages de la célèbre pyramide des besoins de Maslow.

Or, aujourd’hui, trouver à se loger est déjà un souci en soi, une véritable source d’inquiétude, pour ne pas dire d’anxiété. Crise immobilière et énergétique, hausse des loyers pour des habitations de plus en plus petites, distance de plus en plus grande entre lieu de vie et lieu de travail, la question du logement est centrale dans la définition du bien-être physique et mental.

Avoir un logement décent : un facteur d’équilibre

Le lieu dans lequel on vit au quotidien peut effectivement devenir source de souffrance physique ET psychique. Exiguïté, manque de lumière, humidité, murs moisis, système électrique déficient, insonorisation inexistante : bien avant les différents confinements qui ont ponctué la période de pandémie, les différents visages de l’insalubrité étaient déjà source d’inquiétude et de malêtre pour les personnes qui y sont confrontées. Risque de maladies respiratoires, manque de sommeil, frictions familiales consécutives au manque de place et d’intimité… vivre dans un appartement trop petit et mal entretenu va forcément impacter la santé psychique de la cellule familiale.

Idem pour l’environnement. Imaginez le stress lié au fait de résider dans une ville vide de commerces, mal desservie par les transports en commun, où les médecins comme les urgences sont submergées, les services publics dysfonctionnent, les espaces naturels et les lieux sportifs et culturels manquent ainsi que les écoles. Le sentiment d’isolement, d’abandon est indéniable, qui engendre incompréhension, charge mentale, épuisement, dépression. On peut également interroger l’inquiétude liée à la pollution atmosphérique générée par la présence d’axes routiers ou de champs à cultiver, régulièrement arrosés de pesticides et d’engrais chimiques.

Questionner l’impact du logement sur son état mental : une étape importante

Cela semble exagéré ? Pourtant, ces inquiétudes reviennent en boucle dans les propos de patients déjà fragilisés par les burn-out, la pression au sein de l’entreprise, les traumatismes familiaux. Quand on est confronté à un burn-out avancé, il faut s’arrêter ; le corps sinon lâchera complètement. Mais on hésite à prendre un congé, car on a peur de manquer d’argent pour assurer la gestion du quotidien : comment va-t-on payer le loyer, les traites du crédit immobilier ? S’il n’est pas forcément une cause directe d’angoisse et de trouble mental, le logement peut contribuer à envenimer les états de crise, ou au contraire contribuer à améliorer un état mental. Les questions posées par le collectif national des SISM peuvent ainsi servir dans un parcours thérapeutique. Je me permets d’en reprendre quelques-unes extraites du communiqué diffusé en amont de l’événement, car elles me semblent pertinentes :

  • « Comment mon logement peut-il être une ressource ou, au contraire, un obstacle à mon équilibre psychique ?
  • Comment l’aménagement de mon lieu de vie contribue à prendre soin de ma santé mentale ? Comment les difficultés d’accès à un logement ou de conservation de mon logement affectent-t-elles ma santé mentale ?
  • Quelle place occupe mon logement dans mon parcours de rétablissement ?
  • Quels sont les dispositifs ou les outils pour répondre aux enjeux de logement chez les jeunes, chez les personnes précaires, isolées ou encore chez les personnes concernées par un trouble psychique et ainsi favoriser leur santé mentale (« un chez-soi d’abord », colocations intergénérationnelles, habitats inclusifs, etc.) ?
  • Comment l’aménagement de mon quartier, ma commune, des espaces verts favorise-t-il ma santé mentale ou peut-il la favoriser, tout en contribuant à la résilience des communes villes face au changement climatique ?
  • Quel(le)s sont les leviers/ressources, dans mon environnement, sur lesquels je me suis appuyé.e et/ou m’appuie encore dans mon parcours de rétablissement ? – Avec quoi s’articule les transports en commun dans ma région ? Comment ce réseau contribue-t-il à me permettre à vivre comme je le souhaite ? »

Il ne s’agit pas ici de refaire toute la décoration, de déménager sur un coup de tête ou d’attaquer des travaux de rénovation, mais avant tout de définir si le logement constitue un problème et si oui, en quoi. C’est d’autant plus important que pour certaines personnes atteintes de troubles graves, retrouver un logement, c’est faire un pas conséquent vers la guérison.

Cet article vous parle ? Ces questions vous interpellent ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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