J’ai déjà évoqué l’importance de l’écriture dans le processus thérapeutique. Mais dernièrement, un patient me faisait remarquer qu’écrire était pour lui une étape complexe, qu’il avait du mal à surmonter, car elle était source à la fois de confusion et d’angoisse. Effectivement, si certaines personnes n’ont aucun problème pour noircir des pages et des pages de souvenirs, de témoignages, de pensées, d’autres bloquent devant une page blanche qui devient vite anxiogène. C’est ici qu’intervient le journal de cinq minutes.
Un outil clé de la thérapie cognitivo-comportementale
Émanation du journal de gratitude lui-même issu des principes de la psychologie positive, le journal de cinq minutes peut devenir un outil clé de la thérapie cognitivo-comportementale. Il se présente comme une liste de points à renseigner le matin et le soir.
- Au lever, on évoque deux points pour lesquels on est reconnaissant, deux raisons pour lesquelles la journée à venir sera profitable et agréable, deux affirmations positives.
- Le soir, on listera trois moments de la journée qui ont été formidables, puis on formulera ce qu’on aurait pu améliorer dans ces dernières heures.
Comme on peut le constater, c’est très simple, très clair, cela tient sur une feuille, et cela appelle des réponses très courtes, presque factuelles.
Les différents objectifs du journal de cinq minutes
L’objectif est multiple.
- Il s’agit bien sûr d’encourager ceux qui peinent à écrire soit parce qu’ils ont peur d’écrire mal (mauvais souvenirs de cours de français, blocage après les critiques répétées de proches, confusion entre rédiger de manière presque automatique et production d’un texte littéraire), soit parce qu’ils ont peur de ce qu’ils vont révéler via les mots tracés en noir sur blanc sur le papier
- Il s’agit également d’aider ceux dont le verbe est torrent, se focaliser sur leurs avancées concrètes au jour le jour, sans se perdre dans le flot des leurs émotions.
- Et puis il y a ceux qui redoutent d’écrire par manque de temps (planning de travail chargé, tâches ménagères à accomplir en fin de journée…) ou d’énergie (n’oublions pas que rédiger est procédé certes libérateur, mais parfois énergivore de par la puissance de ce qu’on écrit, des émotions qu’on réveille).
Écrire pour décrire et agir
C’est justement là qu’intervient le journal de cinq minutes. La finalité n’est pas simplement d’avoir une vision plus positive de sa vie. Ici, on rédige au quotidien pour faire le point sur ses avancées jour après jour, date après date. On met en évidence les points positifs, on détermine ce qu’on peut améliorer, on formule les parades qu’on peut mettre en place.
L’idée même de ces cinq minutes nécessaires pour renseigner le document invite à un travail de synthèse. On a ainsi le sentiment d’être dans l’action tout en se distançant de l’intensité des émotions ressenties qu’on peut d’ailleurs exprimer dans un journal intime sans limitation de temps. Par l’usage d’une expression simple, claire, concise, on assure le suivi de ses propres avancées, on conserve une trace précise qu’on peut partager avec son psychologue en séance.
Relire ces feuilles, c’est constater de visu les progrès accomplis, ce qui un point extrêmement positif. Nul impératif ou obligation cependant, chacun s’approprie le journal de cinq minutes comme il le désire, à son rythme. Si on rate une journée, ce n’est pas grave. On peut aussi personnaliser son journal, y introduire des signes, le décorer comme on le ferait avec un bullet journal. On peut l’imprimer et le placer dans un classeur, on en trouve des versions illustrées sur internet, on peut aussi le reproduire dans un carnet…
Tout est possible, rien n’est contrainte. Le journal de 5 minutes est une aide précieuse, à court et à long terme. Vous désirez en savoir plus sur cet outil, éventuellement l’intégrer dans une thérapie ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.