Pandémie de Covid, situation économique, guerre en Ukraine, menace d’un conflit mondial, peur d’une attaque nucléaire, depuis deux ans, l’actualité ne nous épargne pas. Résultat de ce climat délétère : une hausse marquante de l’anxiété et des états dépressifs comme en témoigne les résultats de CoviPrev, l’enquête menée afin de suivre l’évolution des comportements et de la santé mentale pendant l’épidémie de COVID-19 et dont les résultats sont publiés sur le site de santepubliquefrance.fr. Comment faire alors pour réduire cet état d’angoisse chronique, d’anxiété informationnelle et ses effets au niveau du mental ? Voici quelques pistes que vous pouvez explorer, quelques conseils dont vous pouvez vous inspirer pour retrouver un peu de quiétude.

Qu’est-ce qui alimente cet état anxieux ?

Il convient avant tout de comprendre le processus qui alimente cet état anxieux. Si ces situations sont effectivement alarmantes en elles-mêmes, il ne faut pas négliger l’impact du matraquage médiatique dont nous sommes l’objet dans le relais de ces informations.  Rappelez-vous notamment que la digitalisation des organes de presse, le développement des sites web d’information et des réseaux sociaux ont induit une surmultiplication de publications, donc une sursollicitation des usagers. 

  • Vidéos et images violentes, témoignages de victimes recueillis sur le vif, les communiqués diffusés en boucle, les flashes des chaînes d’information en continu, le langage employé pour évoquer ces faits sont autant de signaux d’alarme qui stimulent nos cerveaux (notamment la partie reptilienne, siège de nos réflexes primaires) et les noient dans un flot d’émotions négatives.
  • Sentiment de peur, de colère, d’impuissance, les montées d’adrénaline en continu engendrent paradoxalement un effet de saturation et d’hypnose, le fameux FOMO ou Fear of Missing Out ( la peur de rater quelque chose d’important) qui nous conduit à consulter compulsivement nos smartphones de peur de zapper une information importante.
  • Cette quête d’informations amène à un effort de synthèse accru, d’où une fatigue mentale exacerbée par la démarche de vérifier ses sources, de recouper les données afin d’éviter les fake news, éventuellement les échanges houleux avec d’autres internautes sur les espaces de commentaires des sites et des réseaux sociaux, les groupes, les forums…
  • Ajoutons à cet épuisement l’usure oculaire et les tensions musculaires du cou et des mains et bras liées à la pratique en continu des écrans.

Toutes ces tensions mentales et physiques se conjuguent pour développer un climat d’angoisse au sein même de votre poche, dans votre paume, sur l’écran du smartphone qui ne vous quitte plus, puisqu’il est devenu indispensable dans ce siècle de digitalisation accrue.

Comment se protéger pour réduire l’anxiété informationnelle ?

Pour réduire cette anxiété en grande partie consécutive à l’infobésité digitale et la logique de fonctionnement des algorithmes, il faut déjà arrêter de culpabiliser, d’avoir honte. C’est normal, humain de ressentir de la peur face à une situation incertaine. C’est même un facteur déterminant de survie dans une situation de danger : la peur favorise la vigilance, qui va favoriser soit la fuite, soit la volte-face. Il est aussi tout à fait normal de vouloir comprendre ce qu’il se passe, ne serait-ce que pour avoir l’impression de reprendre le contrôle sur une situation dont on ne comprend pas la logique initiale. Idem avec le déséquilibre émotionnel suscité par le matraquage imposé par les réseaux sociaux. 

Il convient par ailleurs de ne pas oublier sur quels principes fonctionnent :

  • les réseaux sociaux ; Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, tous doivent multiplier les usagers et les garder en continu. Pour cela, il faut miser sur l’immédiateté et la force des émotions afin de créer des interactions constantes et une addiction, multiplier le swipe, le scroll et autres habitudes de visionnage en continu, avec gavage d’images. La websérie Dopamine ainsi que le documentaire The Social Dilemna le démontrent parfaitement. 
  • les médias qui diffusent sur ces réseaux : pour se singulariser et conserver l’attention de leur lectorat, ils doivent publier en intensif, dans l’instant et  jouer la carte de la surinformation, sans forcément vérifier leurs sources

Il faut également comprendre que 50% de ces informations n’en sont en fait pas : soit elles se répètent en boucle, avec des formulations différentes, mais toujours très accrocheuses, invitant à la réaction épidermique, soit elles se focalisent sur des non-événements qu’elles traitent sur le mode émotionnel. Dans tous les cas, elles encouragent nos réactions à chaud sans aucune distance ni prise de recul. C’est là justement qu’il faut agir, en instaurant une distance : débrancher ses notifications, désinstaller les réseaux sociaux de son téléphone, déterminer des points d’information à heure fixe, matin et soir par exemple, et pas plus de 20 minutes à chaque fois.

Il faut aussi repenser son rapport à l’information, et avant tout prendre de la hauteur en interrogeant l’actualité grâce aux questions essentielles : qui, quoi, où, quand, comment, combien, pourquoi. Il convient pour ce faire de privilégier des sources médiatiques sérieuses et vérifiées, des sites de debunk, des livres, des documentaires, des publications spécialisées, bref il faut rechercher de l’information froide, émise avec de la distance, un temps de réflexion. Dans le cas du conflit ukrainien par exemple, on peut lire des ouvrages traitant de l’histoire de l’Ukraine et de la Russie, regarder les thématiques d’ARTE, l’émission Le dessous des cartes… Ce sera plus constructif que de visionner des vidéos de cadavres, dont on ne sait pas du reste si elles sont véridiques. Il faut justement s’éloigner de l’effet hypnotique et traumatique des images, par exemple en écoutant les podcasts de France Culture ou de Public Sénat.

Il importe d’identifier son mal-être croissant face à ce matraquage permanent qui mêle la violence des images et des mots, repérer les signes d’addiction et d’hypervigilance qui annoncent un trop-plein, une fatigue émotionnelle. N’hésitez pas à décrire votre malaise, à lister vos ressentis, vos émotions, en les inscrivant sur un carnet, un agenda. Si vous consultez votre smartphone en continu, si chaque notification vous déstabilise, déclenche chez vous un malaise, si vous redoutez de consulter votre fil d’actualité, mais ne pouvez vous en empêcher, si vous commencez à ressentir des troubles du sommeil, des cauchemars, n’attendez pas et consultez un professionnel.

Vous ressentez ce type de déstabilisation ? Vous désirez en discuter ? N’hésitez pas à me contacter, je répondrai à vos questions.

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