À inscrire au top des facteurs encourageant les crises d’angoisse, les drogues, le tabac et l’alcool. C’est tellement logique qu’on ne pense même plus à le spécifier et pourtant… La consommation de ces produits peut avoir un impact significatif sur l’anxiété et contribuer au déclenchement d’une attaque de panique. Exemple extrême : le fameux « bad trip » que les consommateurs de cannabis peuvent expérimenter au même titre que ceux d’acide ou de cocaïne. La crise peut provenir des effets du produit et/ou survenir à cause du manque. Mais encore ? Que se passe-t-il quand on absorbe ces substances ? En quoi peuvent-elles participer de l’émergence d’une crise d’angoisse ?

État de la consommation de substances psychoactives en France

Et là, vous vous dites que j’exagère un peu ? Pour vous convaincre du sérieux de la chose, quelques chiffres issus de Santé Publique France concernant l’usage de cannabis pour l’année 2021:

  • « 47% des adultes l’ont déjà expérimenté. Un adulte sur 10 a consommé du cannabis au moins une fois dans l’année. La France est l’un des pays européens présentant la plus forte proportion de consommateurs âgés entre 15-34 ans selon le rapport de l’OEDT 2021 (Observatoire européen des drogues et des toxicomanies) ».
  • Les chiffres sont aussi en hausse pour la consommation de cocaïne, d’Ecstasy et autres.
  • On constate également une hausse de la consommation de psychotropes dans le cadre professionnel, comme le démontre le rapport CONSOMMATION DE SUBSTANCES PSYCHOACTIVES ET MILIEU PROFESSIONNEL Résultats du Baromètre de Santé publique France 2017.

Pour affiner la chose, précisons que les substances psychoactives sont définies comme « des produits qui modifient l’état de conscience. Elles ont un effet sur la perception, la pensée, les sentiments et les actions. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) les définit comme suit « toute substance psychotrope ou psychoactive qui, en raison de leur nature chimique, perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience. »

Une dépendance progressive

Dixit le site Infodrog qui ajoute à cette définition une liste impressionnante de produits concernés où voisinent le tabac, le vin, l’héroïne, les antidépresseurs, les amphétamines, l’opium, le LSD, le THC et concort. Comme vous pouvez le constater, le panel est large et varié… et nous sommes finalement tous un peu touchés, soit parce que nous consommons ces substances de manière occasionnelle, soit parce que nous sommes progressivement devenus accros, qu’il s’agisse du verre de whisky bu au retour du travail ou du cachet de tranquillisant absorbé par automatisme avant chaque réunion avec son directeur des ventes. Ainsi Marie, qui pour calmer son stress chronique, n’hésite plus à fumer un petit joint hebdomadaire, ou plus quand elle est surchargée de travail.

Elle n’est pas un cas isolé. Un de ses collègues, pour tenir les cadences infernales, sniffe de la cocaïne quand il faiblit. Un autre boit au quotidien pour se décrisper, que ce soit pendant les repas du midi ou en rentrant chez lui le soir, quelques verres, pas grand-chose, mais suffisamment pour être devenu dépendant. Pas de quoi fouetter un chat, diront certains. Le problème, c’est le « plus facilement ». pour se détendre, Marie a plus facilement tendance à aller boire un verre avec ses amis, voire deux, trois, quatre. Elle a plus tendance à fumer un ou deux joints. Progressivement, les chiffres augmentent. L’exceptionnel devient une habitude. Et, petit à petit, la seule idée de manquer déclenche des crises chez Marie. Ce n’est pas automatique, mais cela arrive de plus en plus souvent, idem pour les bad trips.

Gros plan sur les processus physiologiques et psychologiques enclenchés

Comme je le précise depuis le début de cette série d’articles dédiés aux facteurs propices aux crises d’angoisse, la prise de ces substances ne va pas forcément déclencher une attaque de panique. Mais, leur absorption répétée peut faciliter le processus, au travers de différents phénomènes.

Effets sur le système nerveux :

L’alcool et certaines drogues agissent comme des dépresseurs du système nerveux central, ralentissant l’activité cérébrale. Bien qu’ils puissent initialement provoquer une sensation de détente et d’euphorie, à mesure que les effets s’estompent, ils peuvent entraîner une augmentation de l’anxiété et même des symptômes de sevrage. Par exemple, une personne qui consomme de l’alcool pour se calmer peut éprouver une augmentation de l’anxiété une fois que les effets calmants disparaissent. Idem avec l’effet du joint ou de la ligne de coke.

Déséquilibre chimique dans le cerveau :

L’alcool et certaines drogues altèrent les substances chimiques du cerveau, notamment les neurotransmetteurs tels que la sérotonine et la dopamine ; or si vous avez lu mes articles précédents, vous savez à quel point ces neurotransmetteurs importent dans le bien-être mental, la régulation de l’humeur et de l’anxiété. Une consommation excessive ou abusive de psychotropes peut perturber cet équilibre chimique, entraînant une augmentation de l’anxiété, des sautes d’humeur voire un état dépressif. Ainsi, certaines drogues stimulantes, comme la cocaïne ou les amphétamines, peuvent provoquer une augmentation temporaire de l’énergie et de l’euphorie, mais une fois cette sensation dissipée, l’anxiété augmente clairement.

Effets sur le sommeil :

L’alcool comme certaines drogues peuvent perturber les cycles d’endormissement, entraînant une diminution de la qualité du sommeil. Des troubles tels que l’insomnie, les cauchemars, les réveils nocturnes, peuvent apparaître et augmenter le niveau d’anxiété, prédisposant ainsi à des crises d’angoisse. Là également je vous ai expliqué le processus dans un article précédent. La consommation d’alcool avant le coucher peut entraîner un sommeil agité et des réveils fréquents, ce qui peut contribuer à l’anxiété et aux crises d’angoisse.

Effets sur la régulation émotionnelle :

L’alcool et certaines drogues peuvent altérer la capacité de régulation émotionnelle d’une personne. Ils peuvent inhiber la capacité à faire face au stress, à résoudre les problèmes et à gérer les émotions négatives, ce qui peut accroître l’anxiété. Lorsque l’effet d’une drogue se dissipe, une personne peut ressentir une hausse conséquente du stress, une irritabilité accrue, des variations pénibles de l’humeur, ce qui peut déclencher une crise d’angoisse.

Marie a pu observer ces troubles, elle sait très bien qu’après la phase de détente, une fois l’effet des substances terminé, elle va ressentir du mal-être, des signes très nets d’anxiété, un poids dans la poitrine, des difficultés respiratoires, des suées, une vigilance accrue, une sensorialité décuplée et désagréable, des maux de tête. Bref des symptômes qui évoquent une crise et peuvent la déclencher.

Cela vous est-il déjà arrivé ? Vous désirez en discuter ? N’hésitez pas à me contacter pour échanger sur le sujet.

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