Eh oui, manger peut aussi jouer un rôle dans la mise en place d’un terrain favorable aux crises d’angoisse. Après le manque de sommeil, la carence de lumière et la rumination mentale, Marie, notre héroïne surmenée, épuisée et sujette à l’anxiété chronique, va devoir se pencher sur la question de son alimentation et prendre conscience que ce qu’elle ingère peut quelquefois la pousser vers l’attaque de panique. Explications.
Le ventre, notre deuxième cerveau
Le ventre, notre deuxième cerveau ? Cela vous parle ? Vous avez forcément entendu cette expression… Quand on tape cette requête sur Google, 674 000 résultats environ apparaissent. C’est que l’idée n’est pas nouvelle. La notion du ventre comme « second cerveau » de l’être humain fait référence à ce que l’on appelle le système nerveux entérique (SNE), un réseau complexe de neurones (200 millions à la louche) situé dans la paroi de notre tube digestif, principalement dans l’intestin. Cette théorie a été développée par le Dr Michael Gershon, professeur de pathologie et de cellules de l’Université de Columbia aux États-Unis. Dans les années 1990, il a proposé l’idée que le système nerveux entérique fonctionne de manière autonome et peut influencer notre état mental et émotionnel.
Depuis, les études vont bon train pour explorer ce sujet passionnant et comprendre comment le système nerveux entérique communique avec le cerveau central via l’axe appelé l’axe intestin/cerveau. Les chercheurs ont notamment mis en évidence le fait que des problèmes digestifs peuvent être associés à des troubles mentaux tels que l’anxiété et la dépression, et que des altérations de la flore intestinale (microbiote) peuvent avoir des effets sur notre santé mentale. (Pour en savoir plus, n’hésitez pas à visionner le documentaire Le ventre, notre deuxième cerveau et à écouter les différents podcasts consacrés au sujet par France Culture). Attention, l’alimentation n’est pas directement responsable des crises d’angoisse. Cependant, certains us et coutumes alimentaires peuvent influencer l’état émotionnel et physique, ce qui peut indirectement contribuer au déclenchement d’une crise d’angoisse. De quelle manière ?
Déséquilibres alimentaires et crises d’angoisse
Dans quel cas l’alimentation peut-elle participer de l’explosion de la crise d’angoisse ?
Consommation excessive de caféine
La caféine est un stimulant qui peut augmenter l’anxiété chez certaines personnes. La consommation excessive de caféine, présente dans le café, le thé, les boissons énergisantes et certains sodas, peut provoquer des symptômes physiques similaires à ceux d’une crise d’angoisse, tels que des palpitations cardiaques, des tremblements, une agitation et une sensation de nervosité. L’excès de caféine peut également perturber le sommeil, ce qui peut aggraver les symptômes anxieux. Marie, qui tient sa cadence de travail à grand renfort de café (surtout quand les deadlines des dossiers à rendre se réduisent et qu’il faut y travailler la nuit), a pu constater que les crises se déclenchent plus facilement quand elle conjugue stress accru, consommation poussée de caféine et manque de repos.
Alimentation déséquilibrée
Une alimentation déséquilibrée, riche en sucres raffinés, en gras saturés et en aliments transformés, peut avoir un impact sur notre état émotionnel et notre bien-être général. Ces aliments pris en quantité importante provoquent des fluctuations de la glycémie, entraînant des hauts et des bas énergétiques qui peuvent affecter l’humeur et contribuer à l’anxiété. Ainsi, une consommation excessive de sucre peut entraîner une augmentation rapide du tonus suivie d’une baisse d’énergie frappante (un peu comme des montagnes russes), ce qui peut favoriser l’irritabilité et l’anxiété. Là aussi, Marie connaît bien le problème. Soumise à une cadence de travail infernale, elle saute les repas, grignote bonbons et chips entre deux réunions, et quand elle a le temps de manger, c’est soit des plats très riches au restaurant, soit des sandwiches mangés à même son plan de travail. À la maison idem ; prise par le temps, elle opte pour les plats préparés, des aliments transformés. Cela n’est bon ni pour son état physique ni pour son état mental.
Carences nutritionnelles
Une alimentation pauvre en certains nutriments essentiels peut affecter la santé mentale et émotionnelle. Par exemple, une carence en vitamine B, en magnésium ou en oméga-3 peut être associée à un risque accru de troubles de l’humeur et d’anxiété. Ces nutriments jouent un rôle important dans la régulation de l’humeur et la santé du système nerveux. Une déficience peut donc affecter négativement notre état émotionnel et augmenter la vulnérabilité aux crises d’angoisse.
Ainsi, Marie n’en est pas à son premier traitement au magnésium, elle en prend régulièrement pour neutraliser la tétanie et éviter les états de stress. Idem avec le calcium, mais aussi avec les vitamines B et D.
Sensibilité alimentaire
Certaines personnes peuvent être sensibles ou intolérantes à certains aliments, tels que les produits laitiers, le gluten, les additifs alimentaires ou les aliments épicés. Ces sensibilités peuvent déclencher des symptômes physiques inconfortables, tels que des maux d’estomac, des ballonnements, des douleurs intestinales, ce qui peut augmenter le niveau de stress et d’anxiété. Les symptômes physiques associés peuvent également être confondus avec les signes d’une crise d’angoisse, ce qui peut aggraver la panique. Marie connaît bien le problème. Intolérante au gluten, elle digère difficilement les graisses, le sel et le sucre. Et cela empire, lui occasionnant des troubles digestifs qui alimentent sa panique. Le fait de s’alimenter de manière équilibrée dans un contexte professionnel frénétique constitue une source d’anxiété supplémentaire.
Bien sûr, chaque personne peut réagir différemment aux aliments ; les effets de la nourriture sur l’anxiété peuvent donc varier d’un individu à l’autre. Maintenir une alimentation équilibrée, prendre en compte ses propres besoins et sensibilités alimentaires, tout cela importe pour ne pas se retrouver en état de stress. Par ailleurs, la question du contrôle alimentaire ne doit pas non plus devenir une source d’anxiété au quotidien et déboucher sur un trouble alimentaire type orthorexie. Il convient de définir un équilibre, de connaître ses limites. C’est d’ailleurs pour cette raison que je travaille régulièrement en partenariat avec des spécialistes de la nutrition. Parce que justement l’influence de l’alimentation sur l’état mental est indéniable, et doit être prise en compte dans la recherche d’un équilibre émotionnel.
Cet article vous interpelle ? Vous désirez en discuter ? N’hésitez pas à me contacter pour échanger sur ce sujet.