Stratégies de coping : cela vous dit quelque chose ? Pas forcément. Pourtant, elles sont inscrites au cœur de notre vie. En effet, ce sont elles qui nous permettent de faire face aux difficultés de l’existence, problèmes, conflits, défis, deuils, et au stress que ces difficultés engendrent. Efforts cognitifs, comportements déployés, ces stratégies de coping diffèrent d’un individu à l’autre. Et le psychologue va devoir en étudier la nature quand il est confronté à un patient en souffrance. Explications.

D’où vient le concept de coping ?

Désignant les mécanismes de défense mis en place par l’individu pour gérer le stress lié à des situations complexes et douloureuses, le terme « coping » vient du verbe anglais « to cope », « faire face », « s’adapter ». À l’origine de ce concept, les travaux du psychologue américain Kurt Lewin, qui a joué un rôle important dans le développement de la psychologie sociale au début du 20ᵉ siècle. Lewin s’est intéressé à la manière dont les individus font face aux changements dans leur environnement et comment ils s’adaptent aux situations stressantes.

Par la suite, d’autres psychologues et chercheurs ont contribué à affiner et à développer le concept de coping.

  • Susan Folkman et Richard Lazarus ont ainsi élaboré le modèle transactionnel du stress et du coping dans les années 1980. Ce modèle met l’accent sur la façon dont les individus évaluent les situations stressantes et choisissent des stratégies de coping en fonction de cette évaluation.
  • Aaron Antonovsky a exploré comment la perception d’un sens dans la vie peut influencer la manière dont les individus font face au stress. Son concept de « sense of coherence » (sens de cohérence) est lié au coping.
  • Suzanne Kobasa a introduit le concept de « hardiness » (résilience) en relation avec le coping, comme une attitude psychologique qui peut aider à faire face aux situations stressantes.
  • Carver, Scheier et Weintraub ont développé le COPE Inventory, un instrument largement utilisé pour mesurer les différentes stratégies de coping.
  • Cynthia D. Belar a contribué à la recherche sur le coping dans le domaine de la psychologie de la santé, en examinant comment les individus font face aux défis liés à la santé.

Tout ça pour dire que le coping est un concept des plus sérieux.

Les différents types de coping

Pour faire face au stress, il existe différents types de coping. On distingue trois catégories principales : le coping centré sur le problème, le coping centré sur l’émotion et le coping centré sur l’évitement.

  • Le coping centré sur le problème
    • consiste à identifier activement les aspects du problème et à élaborer des solutions pratiques.
    • implique l’organisation du temps pour mieux faire face aux défis.
    • prévoit des actions à entreprendre avant qu’un problème ne survienne.
  • Le coping centré sur l’émotion
    • suppose la communication des émotions pour obtenir du soutien.
    • consiste à chercher des aspects positifs dans une situation difficile.
    • implique l’acceptation de la réalité de la situation sans essayer de la changer.

Exemple : Une personne fait face à une perte importante dans sa vie, comme la mort d’un être cher. Plutôt que de lutter contre l’inévitable, elle accepte la réalité de la situation. Elle reconnaît ses émotions, les exprime de manière saine et cherche à trouver un sens à la perte.

  • Le coping centré sur l’évitement
    • évite activement ou mentalement la situation stressante.
    • se tourne vers des activités agréables ou distrayantes pour échapper temporairement au stress.
    • refuse de reconnaître la réalité de la situation.

Exemple : Une personne se sent accablée par le stress au travail. Pour faire face, elle choisit de se distraire en s’engageant dans des activités plaisantes, comme faire du sport, regarder un film ou lire un livre, afin de réduire temporairement son niveau de stress.

À noter : on peut utiliser différentes stratégies de coping en fonction de la nature du stress, de la situation et de ses préférences. Certaines stratégies s’avèrent plus adaptées que d’autres dans certaines circonstances.

Qu’est-ce qu’une stratégie de coping défectueuse ?

Le coping peut poser problème dans plusieurs cas.

  • Si le mécanisme de coping ne résout pas le problème sous-jacent et ne procure qu’un soulagement temporaire, il peut être considéré comme défectueux. Les stratégies qui ne traitent pas la source du stress ou de l’anxiété peuvent conduire à des problèmes continus.
  • Certains mécanismes de coping peuvent s’avérer néfastes : consommation excessive d’alcool, toxicomanie, automutilation ou d’autres comportements autodestructeurs.
  • Le coping peut conduite à l’isolement social en évitant les relations ou en se retirant complètement. Cela constitue un problème, le soutien social étant souvent essentiel pour faire face aux difficultés.
  • Certains individus peuvent réprimer excessivement leurs émotions au lieu de les traiter. À long terme, cette répression peut entraîner des problèmes de santé mentale et physique.
  • Ignorer complètement ou minimiser les problèmes au lieu de les affronter peut également être un signe de coping défectueux. Le déni prolongé va empêcher la résolution des problèmes.
  • Certaines personnes dépendent d’un seul type de coping sans explorer d’autres stratégies adaptatives, ce qui peut devenir problématique lorsque cette stratégie spécifique n’est plus disponible ou appropriée.
  • Si le coping interfère significativement avec la qualité de vie d’une personne, que ce soit sur le plan professionnel, social ou personnel, il peut être considéré comme défectueux.

Si les stratégies actuelles ne sont pas efficaces, consulter un professionnel de la santé mentale va permettre d’identifier les dysfonctionnements et de développer d’autres mécanismes plus sains qui favoriseront le bien-être à long terme.

Comment identifier les stratégies de coping ?

C’est là qu’intervient le psychologue. Il va décrypter les mécanismes d’adaptation de son patient pour avoir un aperçu de son fonctionnement psychologique, de sa manière d’aborder les situations complexes, les défis de la vie.

  • Il va d’abord cerner la manière dont le patient gère le stress et les situations difficiles. Cela lui permet de cibler les aspects spécifiques qui pourraient nécessiter un soutien ou un ajustement. Certains individus peuvent développer des patterns de coping qui, bien qu’efficaces à court terme, peuvent devenir dysfonctionnels à long terme. Par exemple, la suppression émotionnelle ou l’évitement constant peuvent apporter un soulagement temporaire mais ne constituent pas des solutions durables.
  • Examiner les stratégies de coping, c’est amener le patient à prendre conscience de sa manière de réagir face au stress. Il va comprendre quels sont ses schémas récurrents de comportement. Cette étape est essentielle également pour distinguer les stratégies qui fonctionnent et celles qui demandent à être revues.
  • À partir de là, le psychologue adapte le traitement, inclut des techniques qui correspondent au style de coping préférentiel du patient. En identifiant les coping positifs, tous deux vont travailler ensemble pour renforcer les ressources internes, les compétences.
  • En comprenant comment le patient fait face aux difficultés, le thérapeute peut élaborer des plans de prévention des rechutes en enseignant des stratégies de coping alternatives.
  • L’objectif est d’aider le patient à :
    • élaborer des stratégies de coping plus efficaces et variées ;
    • faire face aux défis ;
    • développer une plus grande résilience émotionnelle ;
    • restaurer sa confiance en soi
    • améliorer son bien-être mental.

En résumé, identifier les types de coping d’un patient offre une perspective précieuse pour le psychologue : c’est un moyen de construire une approche personnalisée et ciblée, d’optimiser l’efficacité de la psychothérapie tout en contribuant à la croissance personnelle du patient.

Cet article vous interpelle ? Vous vous retrouvez dans ces lignes ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.

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