La boite de Kleenex : l’accessoire indispensable qu’on retrouve posé bien en vue dans toute scène de film où un.e patient.e éploré.e vient déverser son malaise sur le divan d’un psychologue calme et distancé. Un cliché ? Pas tant que ça. Il n’est pas rare qu’on pleure durant une séance, certain.es versent quelques larmes, d’autres s’effondrent en pleurs. Tou.tes en ont honte, s’excusant platement de ce lâcher prise pourtant salutaire. Car pleurer est une réponse émotionnelle naturelle chez l’être humain, peu importe son sexe, son âge, son origine, son éducation, son statut. Et cela peut même jouer un rôle positif dans un processus de thérapie. Explications.
Les différents types de larmes
Avant de prendre en compte les bienfaits des larmes, regardons un peu de quoi il s’agit. On distingue généralement trois types de larmes, qui interviennent de manière spécifique dans le maintien de la santé oculaire et dans la réponse à divers stimuli. Mais encore ?
- Les larmes basales sont constamment présentes à la surface de l’œil pour maintenir la cornée hydratée et protégée. Elles contiennent des nutriments et des enzymes qui aident à nourrir la cornée et à la protéger des infections.
- Les larmes réflexes se forment en réponse à une irritation ou à une agression de l’œil. Si un corps étranger, une poussière par exemple, entre dans l’œil, le corps produit des larmes réflexes pour éliminer l’irritant et soulager la douleur.
- Les larmes émotionnelles ou psychiques sont quant à elles liées aux émotions et sont souvent produites en réponse à des sentiments tels que la tristesse, la joie, la colère ou la frustration. Outre l’eau et des électrolytes, les larmes émotionnelles contiennent des protéines et des hormones qui diffèrent de celles des larmes basales et réflexes. Cette composition chimique spécifique importe.
De l’utilité des pleurs
On associe généralement larmes et souffrance, physique et/ou psychique. Ainsi, lorsque nous traversons des moments de deuil ou de perte (décès, rupture…), pleurer va faire partie du processus de deuil et de guérison. Verser des larmes va alors participer de la gestion du chagrin. C’est que pleurer apporte différents « bienfaits ».
Éliminer les toxines et réduire le stress
Les larmes possèdent un effet physiologiquement apaisant. Pleurer va en effet contribuer à baisser la tension émotionnelle et ainsi soulager l’anxiété. Les larmes contiennent des produits chimiques corporels et des toxines ; pleurer va aider à éliminer ces substances du corps, ainsi le cortisol produit en grande quantité par le stress. Les larmes émotionnelles vont aussi générer la production d’endorphine et d’ocytocine, qui contribuent à un état d’apaisement.
Exprimer et soulager ses émotions
Pleurer permet d’exprimer ce que l’on ressent. Les larmes peuvent en effet servir de signaux non verbaux pour indiquer notre état émotionnel aux autres ; c’est le cas pour les bébés qui expriment leurs ressentis (faim, douleur, frustration) via leurs cris, mais aussi leurs pleurs. C’est une forme de communication non verbale, éventuellement un appel à l’aide, à l’échange, au soutien moral, qui nous accompagnent notre vie durant. Pleurer va générer de l’empathie chez l’autre, constituer une demande de réconfort par l’expression physique d’une vulnérabilité.
Avoir les idées plus claires
Libération émotionnelle, baisse du niveau de stress, communication émotionnelle, pleurer a aussi une fonction apaisante qui a l’avantage de clarifier son approche, ses idées. La fonction cathartique des larmes est puissante ; elle permet de se confronter à des émotions désagréables intenses, de les évacuer, d’alléger la charge mentale. Cela fait, on peut envisager sa situation avec plus de lucidité, scruter plus objectivement son trouble, prendre des décisions de manière plus posée, avec le recul nécessaire.
Quand pleurer devient un signal d’alarme
Comme vous venez de le constater en parcourant les paragraphes précédents, pleurer est une réaction émotionnelle tout ce qu’il y a de normal (et parfois de souhaitable). Mais il y a des moments où le fait de pleurer peut constituer un signal d’arme, indiquer un problème sous-jacent et l’urgence de consulter un professionnel de la santé mentale.
- Déclencheurs spécifiques : Si les pleurs sont déclenchés par des événements ou des situations déterminées et qu’ils deviennent excessifs, cela peut indiquer une hypersensibilité émotionnelle ou un traumatisme qui nécessite une prise en charge.
- Changements soudains dans le comportement : Si quelqu’un qui n’a pas l’habitude de pleurer devient soudainement très émotif et pleure fréquemment, cela peut être un signe de détresse émotionnelle.
- Durée prolongée : Si les pleurs reviennent continuellement, accompagnant un état de tristesse constante sur une longue période, cela peut indiquer un trouble type dépression, anxiété chronique ou burn-out.
- Perte de contrôle émotionnel : Si quelqu’un perd souvent le contrôle de ses émotions au point de se mettre en danger ou de nuire à autrui, il est important de chercher de l’aide.
- Comportement suicidaire : Si quelqu’un parle de se faire du mal ou de mettre fin à sa vie en pleurant, il s’agit d’une situation d’urgence et il faut immédiatement contacter un professionnel de la santé ou les services d’urgence.
Résumons : pleurer s’avère une réponse émotionnelle importante qui nous permet d’exprimer nos émotions, de soulager le stress émotionnel et de communiquer nos besoins et sentiments aux autres. Il ne faut donc pas culpabiliser quand on verse des larmes, ce n’est ni une honte ni une faiblesse, c’est même un atout précieux, un moyen sain de faire face aux émotions fortes et une étape clé de toute psychothérapie. Mais cela constitue également un indice très fort d’un trouble autre. Dans tous les cas, pleurer n’est pas négligeable, et le psychologue en tient compte, avec bienveillance et sans aucun jugement.
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