Lire pour cultiver son bien-être mental, retrouver sa santé psychique ? Cela peut sembler farfelu, et pourtant la bibliothérapie existe et intéresse de plus en plus de psychologues et de patients. Explications.
Bibliothérapie : des résultats encourageants
Fusion des termes grecs “biblios”, livre, et « therapeuein », soigner, le terme « bibliothérapie » affiche sa signification : il s’agit de soigner par le livre. Une méthode qui remonterait selon certains chercheurs à l’Antiquité, quand les philosophes grecs considéraient la lecture comme un élément essentiel de l’équilibre mental. Par la suite, les grands auteurs vont abonder dans ce sens : Victor Hugo, Marcel Proust, tous évoquent la lumière intérieure que procure la lecture d’un ouvrage. C’est dans les années 60 que psychologues et psychiatres commencent à réfléchir à l’impact thérapeutique d’un programme de lecture approprié, pensé en partenariat avec des bibliothécaires spécialisés.
La chose prend racine dans les pays anglo-saxons, avec des résultats très encourageants, comme l’explique Léa Guidi sur le site Le monde du livre : “une récente étude publiée dans la revue scientifique en ligne PLOS one, affiche des résultats probants quant à l’efficacité de cette forme de soin. L’équipe de chercheurs écossais a réuni plus de 200 patients diagnostiqués dépressifs ; la moitié a été mise sous antidépresseurs quand l’autre a suivi un programme de thérapie au travers de la lecture de l’ouvrage Overcoming depression (Dépasser la dépression) et des discussions liées mises en place avec les psychologues. Au bout de quatre mois, le constat est déjà significatif : 42.6 % des patients-lecteurs ont vu leur degré de dépression réduire nettement contre 24.5 % des malades médicamentés. Après un an, ils sont plus aptes à gérer la dépression que le second groupe”.
Bibliothérapie et affirmation de soi
Publié en 2013, repris en 2015, l’article est intitulé “La bibliothérapie, pratique médicale méconnue en France”. Si nombre de praticiens français ont eu vent de la chose et y portent un intérêt croissant, l’usage de la bibliothérapie n’a pas encore fait souche dans notre pays. Elle est pourtant très intéressante car, outre les excellents résultats évoqués plus haut, elle offre de nombreuses opportunités, pour peu qu’elle soit convenablement encadrée. Dans l’article “Qu’est-ce que la bibliothérapie ?”, Françoise Alptuna cite la définition de la Canadienne Gilda Katz : « La bibliothérapie est l’usage guidé de la lecture, en gardant à l’esprit qu’un résultat thérapeutique est attendu. On peut adjoindre à une thérapie celle de la lecture d’ouvrages sur telle maladie ou tel problème – ou sur de la fiction ou de la poésie – afin d’aider le patient à se procurer savoir et introspection, etc. ».
L’idée est donc d’obtenir un résultat positif, une amélioration conséquente pour le patient, dans le cadre d’une démarche liée à l’affirmation de soi via les thérapies assertives et cognitivo-comportemantales, notamment. Si la bibliothérapie ne conviendra pas dans le cadre de troubles mentaux importants, elle aidera des personnes souffrant d’angoisse, de dépression légère pour différentes raisons :
- la lecture implique de se poser, elle permet donc de se calmer, de se détendre. Elle fait refluer le stress.
- elle favorise un sommeil de qualité, réparateur, facilite l’endormissement.
- elle cultive la concentration et l’analyse, l’imaginaire également ainsi que la mémoire.
Outre ces aspects, la lecture de certains ouvrages permet d’explorer une maladie mentale par différents prismes. En découvrant au fil des pages différents exemples, d’autres personnes qui témoignent de souffrances similaires, on réalise qu’on n’est pas seul. Se reconnaître dans les cas cités, c’est admettre, accepter, voire dédramatiser. Outre le soulagement évident, on peut aussi étayer sa proche approche, et pourquoi pas construire ses propres outils de défense.
Bibliothérapie : quelques conseils
Attention cependant : pour être efficace, la bibliothérapie doit venir compléter une psychothérapie. Le soin apporté au choix des livres est essentiel : quelqu’un qui souffre d’angoisses liées à la maladie n’a pas intérêt à se plonger dans un ouvrage consacré à l’épidémie de Covid. Il faut par ailleurs se méfier des très nombreuses publications liées au développement personnel où on trouve le meilleur comme le pire.
On évitera de conseiller des ouvrages trop complexes destinés à des professionnels, avec un lexique inaudible pour les profanes qui s’y perdront forcément ; on privilégiera des livres spécialisés, mais compréhensibles, également des romans, des pièces de théâtre, des bandes dessinées, de la poésie… Surtout, on favorisera l’utilisation d’ouvrages imprimés sur papier, la lecture sur écran de smartphone pouvant constituer un facteur de fatigue visuelle et d’énervement.
Cela suppose une certaine culture littéraire, mais aussi une perception juste du patient, de ses goûts, de son rapport à la lecture, de son cheminement également. Certains préfèreront les romans graphiques, d’autres seront plus à l’aise avec une fiction. Il y a des livres qui permettent d’identifier son mal et de l’accepter, d’autres qui interviennent plus tard dans le processus afin d’aider à construire ses solutions. Dans tous les cas, il faut savoir évaluer le possible impact de la lecture, ainsi que la sensibilité du patient. Et surtout prévoir d’en discuter ensuite, afin que la lecture débouche sur l’expression d’émotions, d’une prise de conscience éventuellement.
La bibliothérapie vous intéresse ? Vous désirez en savoir plus ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.