Janvier : le mois des bonnes résolutions qu’on se jure de respecter… même si on n’y arrive pas forcément sur le long terme. Parmi elles, le fameux « j’arrête de boire » largement motivé par les excès des fêtes de fin d’année et les gueules de bois carabinés qui vont avec. Depuis le début des années 2010, cette cure de désintox a pris un nom : le Dry January, « janvier sec » ou « Défi de janvier » dans la langue de Molière. Un challenge diffusé en masse sur les réseaux sociaux avec un objectif spécifique : amener les consommateurs à jouer les abstinents un mois durant. Histoire de susciter une prise de conscience… et de sauver des vies. Car l’alcool a un impact aussi indéniable que délétère sur la santé physique… et mentale (ce n’est d’ailleurs pas la première fois que j’en parle dans ce blog). Et lever le pied à court et surtout à long terme peut largement améliorer son état physiologique et psychique. Explications.
Petite histoire et objectifs
Retour aux sources ? Historiquement, le Dry January voit le jour en 2013, via une campagne de sensibilisation lancée par des associations de Grande-Bretagne où la consommation d’alcool fait des ravages, toutes régions, générations et origines sociales confondues. L’initiative va par la suite séduire d’autres pays, se généralisant à l’orée des années 2020. C’est à cette période qu’elle débarque en France avec la première édition du « Défi de janvier » portée par plusieurs organisations de lutte contre l’addiction et la ligne nationale contre le cancer.
Le principe est simple : les participants s’engagent à ne pas boire d’alcool pendant tout le mois de janvier. Cela peut inclure toutes les boissons alcoolisées, de la bière au vin en passant par les spiritueux. Certains envisagent la chose comme un défi personnel, d’autres le font un peu comme un jeu de groupe, une expérience à vivre en commun avec des amis, des collègues ; d’autres encore le font via les programmes officiels des organismes de santé ou des associations.
L’objectif est multiple :
- développer une détox de masse aux retombées positives pour la santé des « dry january » abstinents ;
- favoriser la réflexion sur les habitudes de consommation d’alcool ;
- promouvoir la santé et le bien-être en général ;
- et pourquoi pas récolter des fonds pour des œuvres caritatives.
Dry January : un succès à plusieurs points de vue
Et le succès est au rendez-vous.
S’ils étaient 4 000 à participer à la première édition, on dénombre ce jour 16 000 inscrits officiellement sur le site anglais Dry January, et 17 millions de quidams prêts à se lancer dans l’aventure de par le monde. En 2023, 33 % de nos concitoyens étaient prêts à tenter l’expérience, selon un sondage Ifop cité par la version hexagonale du Dry january. Preuve que le principe s’est enraciné dans les consciences et le paysage médiatique, au vu du nombre d’articles qui relaient l’information et dissertent sur le concept.
Et puis, il y a les résultats, chiffrés, étudiés. Le magazine Géo évoque d’éloquentes statistiques récoltées en 2019 par l’université du Sussex (donc des gens fiables, sérieux, scientifiques). Je cite :
« 71% des participants ont mieux dormi en arrêtant de consommer de l’alcool, tandis que 57% d’entre eux ont constaté une amélioration dans leur capacité de concentration. En outre, 88% des participants disent avoir économisé de l’argent. A l’issue de ce mois sans alcool, les personnes ayant participé au challenge ont-ils modifié leur rapport à la boisson ? Oui, si l’on en croit la même étude : 82% d’entre eux « pensent de manière plus profonde à leur relation avec l’alcool. »
Alcool : des chiffres alarmants
Des données d’autant plus encourageantes que les chiffres sur l’alcoolisme et ses effets font quant à eux frémir. À ce titre, les études citées par l’Inserm et le site de la Santé Publique ont de quoi filer des sueurs froides. Là aussi, je cite pêle-mêle les infos qui ont accroché mon attention.
- La consommation d’alcool a régulièrement diminué en France depuis la fin du XXᵉ siècle, passant de 26 litres d’alcool pur en moyenne par habitant de 15 ans ou plus en 1961, à 12 litres en 2017. Mais depuis cette date, on observe une inquiétante stagnation.
- 41 000 décès par an en France sont liés à l’alcool : 30 000 chez les hommes, 11 000 chez les femmes. L’alcool contribue donc de façon directe ou indirecte à 11 % des décès masculins et à 4 % des décès féminins. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité prématurée.
- 87% des 18-75 ans consomment de l’alcool au moins une fois par an ; 10% consomment à eux seuls 58% de l’alcool consommé.
- 26% des 65-75 ans déclarent une consommation quotidienne d’alcool.
- 13,4% des 18-24 ans déclarent au moins 10 ivresses par an.
- Il existe des repères concernant la limite de consommation quotidienne d’alcool ; or en 2017, 23,6% des 18-75 ans les dépassent allègrement.
Avec à la clé des risques physiques clairement répertoriés par les scientifiques/médecins/associations :
- Des problèmes hépatiques tels que la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie), l’hépatite alcoolique, la cirrhose et autres complications graves.
- Des problèmes cardiaques avec des risques de maladies cardiovasculaires.
- Le développement de certains types de cancer, notamment le cancer du foie, de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, du côlon et du sein.
Alcool et santé mentale
Tout ça, c’est pour le lourd, les pathologies graves. Toujours selon l’Inserm, l’alcool est responsable d’environ 200 maladies et atteintes diverses. Il faut aussi savoir que l’alcool mine au quotidien.
- Il affaiblit le système immunitaire, rendant les individus plus susceptibles aux infections et aux maladies.
- Il provoque des irritations et des inflammations de la muqueuse gastro-intestinale, entraînant des problèmes tels que les ulcères et la gastrite.
- Il peut perturber le métabolisme, contribuant à des problèmes tels que le diabète de type 2 et l’obésité.
- Il affecte le système nerveux central, entraînant troubles de la mémoire et de l’équilibre, déficits cognitifs, neuropathies périphériques.
Et puis il y a l’impact sur le cerveau. À titre d’exemple, l’absorption d’alcool à forte dose joue sur les connexions neuronales. Le cerveau s’adapte, les effets sont amoindris, mais l’envie de boire s’installe, une forme d’accoutumance également qui jongle avec le système de la récompense. Troubles du sommeil, de la concentration, de la mémoire, de l’humeur, anxiété, dépression, comportements compulsifs, la consommation d’alcool amoindrit considérablement la santé mentale, à court et à long terme.
Arrêter l’alcool : bienfaits et précautions
Bref, arrêter l’alcool est source de bienfaits. Les effets bénéfiques sont nombreux, comme en témoignent les chiffres que j’ai cités plus haut.
Le foie récupère, la pression artérielle se normalise, on perd du poids (n’oubliez pas que l’alcool est calorique), le sommeil se régule, on retrouve sa concentration, la mémoire s’améliore, l’humeur également. Le stress et l’anxiété s’amenuisent, les émotions se stabilisent. L’état général en est grandement amélioré. Et le Dry January offre l’occasion d’opérer ce break salvateur.
Attention cependant : pour ceux qui sont de gros buveurs, l’arrêt brutal de la consommation d’alcool peut déclencher des symptômes de sevrage qui vont du léger au très sérieux. Cela va des tremblements, sueurs, nausées, vomissements et autre insomnie à un état d’anxiété, d’irritabilité, aux hallucinations également. Problèmes cardiaques, convulsions, pensées suicidaires, voire delirium tremens dans les cas vraiment très graves, les réactions à un sevrage brutal sont parfois spectaculaires.
Voici pourquoi il convient d’être parfois accompagné par des professionnels de santé, médecin, addictologue, psychiatre, psychologue. Ils pourront mettre en place un protocole de désintoxication, apporter une aide, un soutien, une écoute et ne pas vous laisser seul face à cette situation. En résumé et pour le dire autrement, faire le Dry January, c’est bien, mais pour certains buveurs déjà très accrocs, il vaut mieux passer par la case « suivi médical et psychologique » et le faire sur le long terme.
Cet article vous interpelle ? Vous vous retrouvez dans ces lignes ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.