On n’y pense pas forcément, mais l’arrêt brutal de certains médicaments peut constituer un facteur de vulnérabilité face aux crises d’angoisse. Il suffit d’ailleurs de consulter les notices d’utilisation des dits médicaments pour y voir mentionné ce risque en toutes lettres. Mais encore ? Comment cela se passe-t-il ? Qu’est-ce qui enclenche le processus ?
Quels médicaments sont concernés ?
On en dénombre cinq principalement : les benzodiazépines, les antidépresseurs, les stimulants, certains médicaments contre l’hypertension, les opioïdes.
Benzodiazépines
Les benzodiazépines, ce sont ces fameux médicaments dont le but est de traiter l’anxiété et les troubles du sommeil. Les médecins les prescrivent généralement pour une utilisation à court terme en raison de leur potentiel de dépendance. L’arrêt soudain des benzodiazépines peut de fait entraîner un syndrome de sevrage, caractérisé par de l’anxiété, de l’agitation, des tremblements, de l’insomnie et des crises de panique, qui se manifestent par des épisodes intenses de peur soudaine et de malaise.
Antidépresseurs
Les antidépresseurs ont la réputation de pouvoir être stoppés du jour au lendemain. Il convient cependant d’y prendre garde, car la mise en place de ce type de traitement prend beaucoup de temps, il faut prévoir des ajustements, trouver la bonne molécule, la posologie adaptée. Un arrêt brutal effectué trop tôt peut impacter les effets du protocole et entraîner des symptômes de sevrage, favorisant ainsi le retour des crises d’angoisse.
Stimulants
Certains médicaments stimulants, ainsi ceux utilisés pour gérer le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), peuvent provoquer des symptômes de sevrage lorsqu’ils sont arrêtés brusquement. Ces symptômes peuvent inclure une augmentation de l’anxiété, de l’irritabilité, de la fatigue et des difficultés de concentration, ce qui peut favoriser le déclenchement d’une crise d’angoisse.
Médicaments contre l’hypertension
Certains médicaments utilisés pour soigner l’hypertension artérielle, tels que les bêta-bloquants, peuvent avoir des effets sur le système nerveux et réduire les symptômes physiques de l’anxiété, tels que la tachycardie (augmentation du rythme cardiaque) et les tremblements. L’arrêt soudain de ces médicaments peut entraîner une augmentation de l’anxiété et des symptômes physiques associés, ce qui peut contribuer au déclenchement d’une crise d’angoisse.
Opioïdes
Ces médicaments agissent sur le système nerveux central pour soulager la douleur. Ils interfèrent avec les neurotransmetteurs du cerveau, notamment la dopamine et la noradrénaline, qui jouent un rôle important dans la régulation de l’humeur et de l’anxiété. Lorsqu’un patient stoppe la prise d’opioïdes, son cerveau peut avoir du mal à rétablir l’équilibre chimique ; le sevrage peut aussi provoquer une réaction de stress dans le système nerveux, ce qui peut entraîner une surstimulation et une augmentation de l’activité. L’ensemble peut contribuer à l’apparition de symptômes anxieux, y compris les crises d’angoisse.
Un sevrage se prépare
L’arrêt soudain d’un traitement peut donc clairement poser problème. Le sevrage de médicaments, également connu sous le nom de sevrage médicamenteux, désigne cet arrêt, cette réduction abrupte d’un traitement médicamenteux. Ce processus peut entraîner divers effets secondaires et complications, dont l’apparition de crises d’angoisse. Tout est donc histoire de protocole, de rythme et de mesure. Marie, notre petite héroïne, en sait quelque chose. Elle a souvent tenté d’arrêter la prise d’anxiolytiques du jour au lendemain. À chaque fois, ses crises sont revenues, plus fortes. Et Marie est loin d’être un cas isolé. Selon une étude menée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 2019, entre 30 et 40% des patients sous traitement médicamenteux ont signalé avoir connu des symptômes de sevrage lorsqu’ils ont arrêté leur traitement ou ont réduit leur dose de manière significative. Parmi ces symptômes, l’apparition de crises d’angoisse a été l’une des réactions les plus couramment signalées.
Est-on obligé d’en passer par là ? Pas forcément. Il va falloir s’organiser, préparer son sevrage.
- Première chose à faire, ne pas arrêter d’un coup, surtout quand on prend son traitement depuis un certain temps.
- Consulter son médecin, pour mettre en place un protocole d’arrêt progressif, avec un calendrier, et la possibilité de réévaluer les doses.
- Caler son sevrage sur une période de moindre activité, des vacances par exemple, pour anticiper les éventuelles insomnies, la fatigue physique et mentale engendrée par cet arrêt.
- Prendre son temps, être patient, accepter que cette période de sevrage va être synonyme de fragilité.
- Ne pas s’en vouloir si, alors que vous êtes en train d’arrêter, vous devez reprendre une dose plus forte, pour juguler justement une montée d’angoisse.
- Ne pas vouloir arrêter à tout prix, car on culpabilise de prendre un traitement pour soigner des troubles dont on a honte parce qu’on ne les considère pas à leur juste valeur.
Bref, le sevrage de médicaments ne s’improvise pas. C’est un processus long et complexe qui doit être effectué sous la supervision d’un professionnel de la santé qualifié, tel qu’un médecin ou un psychiatre. Un sevrage progressif et contrôlé permet de réduire considérablement le risque de crises d’angoisse et d’autres effets indésirables associés au sevrage médicamenteux, tout en posant un socle solide pour éviter de retomber dans cette consommation.
Bon à savoir : si l’arrêt de médicaments peut favoriser l’émergence de crises d’angoisse, la prise de certains traitements peut aussi y participer. Selon l’article « Attaques de panique : parfois d’origine médicamenteuse » publié en 2018 sur le site Prescrire.org, « le Centre régional de pharmacovigilance de Toulouse a analysé 163 notifications d’attaques de panique enregistrées dans la base de données française de pharmacovigilance. Elles ont été imputées à divers médicaments, le plus souvent des psychotropes ; des anti-infectieux tels que la méfloquine, des antirétroviraux, des macrolides, des fluoroquinolones ; l’isotrétinoïne ; des corticoïdes ». À vérifier donc avec voter médecin traitant.
Cet article vous parle ? Vous êtes concerné.e ? N’hésitez pas à me contacter pour en discuter.